Votations du 18 mai – Sauver Lavaux certes, mais pas n’importe comment
par Yann Stucki, président section PLR Oron et environs / Cette votation est émotionnelle et c’est normal. A l’heure où le mètre carré de verdure devient de plus en plus précieux, je peux tout à fait comprendre que l’on souhaite défendre un endroit ou un autre, à l’image de ce patrimoine exceptionnel que représente Lavaux pour notre canton.
Mais là, en l’occurrence, il convient de ne pas tout confondre. A l’aube de cette votation, voilà ce qu’il me semble important de retenir:
– Si Lavaux a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, ce n’est pas simplement parce que c’est beau, mais parce que cet endroit est devenu ce qu’il est, au fil des siècles, grâce au travail de l’homme (une fois n’est pas coutume, j’en conviens).
– Il y a certainement d’autres moyens de combattre la pression immobilière (le contre-projet entre autres), plutôt que de simplement prendre en otage ceux qui ont créé et entretenu les 450 kilomètres de murs et les 10’000 terrasses qui composent Lavaux.
– Les opposants à l’initiative soutiennent le contre-projet. Ceci démontrant qu’ils souhaitent eux-mêmes renforcer les garde-fous déjà existants pour la préservation de leurs terres, mais en espérant pouvoir continuer à travailler dessus.
A savoir encore:
– Qu’aujourd’hui, comme n’importe quel secteur d’activité économique, une entreprise viticole doit pouvoir se diversifier, s’adapter pour faire face à une conjoncture défavorable. Or, pour cela, il faut pouvoir développer des outils de production comme une cave, un pressoir, un espace de dégustation ou encore des chambres d’hôte.
– Qu’une partie du monde agricole et viticole est en mode survie aujourd’hui. Le coût de production est énorme par rapport aux vignobles étrangers. La nouvelle génération est frileuse à l’idée de reprendre les exploitations de leurs parents dans de telles conditions. Le calcul est donc simple: si on ressert encore l’étau, le nombre d’exploitants va sérieusement tendre à diminuer et avec cela les acteurs indispensables à la conservation et à la pérennisation de ce site, de ces fameux murs de vigne en pierre, qui font de Lavaux ce qu’il est aujourd’hui. Ces murs justement. Qui s’en occupera à la place des vignerons? Des employés de l’Etat payés par les impôts des contribuables vaudois?
Sur la base de ces simples faits, je refuse:
– De voir disparaître Lavaux à petit feu, ses vignerons et ses vignes, sachant que le principal risque qui menace ce patrimoine d’exception, selon le rapport de l’Unesco, est la dégradation de l’économie viticole. Si moins de vignerons, alors moins de vignes, et si moins de vignes, cela risque d’accentuer la pression immobilière.
– De voter contre le secteur viti-agricole, en lui ajoutant un énième bâton dans les roues.
– De faire de Lavaux un musée statique à ciel ouvert (métaphore utilisée maintes fois, mais tellement vraie!)
– De voter en faveur d’une initiative portée par des personnes dont la plupart n’ont certainement jamais travaillé de leurs mains la terre qu’ils revendiquent vouloir sauver.
Je vous invite donc à voter NON à l’initiative «Sauver Lavaux», OUI au contre-projet du Grand Conseil, et de ne pas oublier de cocher la préférence pour le contre-projet