Victor Corthésy, jongleur des mots, s’en est allé
Gil. Colliard | Avec une profonde tristesse, la rédaction du Courrier a appris que Victor Corthésy, plus connu par les lecteurs sous le pseudonyme de Virthryce, s’en est allé remplir les grilles de ses mots croisés qu’il aimait tant, avec les étoiles, le 8 septembre 2016.
Une passion réalisée au hasard d’une rencontre
Son activité de cruciverbiste naquit de l’œuvre du hasard ou du destin, sur un lit d’hôpital, en 2005, lors d’une intervention à la hanche. Partageant sa chambre avec un collaborateur du Courrier, il lui fit part de son intérêt à composer des mots croisés. Cette révélation lui ouvrit les pages du journal, orphelin de compositeur de grilles depuis le décès de PAC (Pierre-André Chevalley de Puidoux). Dès lors avec passion, méthode et à l’aide de divers ouvrages, il créa, en moyenne, un mot croisé par jour, jouant avec les cases noires et les définitions les plus ambiguës. Grâce à la collaboration d’Yvonne Knecht, son amie, qui avait mis au point un petit programme informatique, il a pu transmettre son travail de façon moderne. La santé et la mémoire commençant à faiblir, il posa son crayon début 2013, mais son impressionnante productivité laisse encore aujourd’hui et pour longtemps de quoi faire réfléchir les amateurs de ce sport cérébral.
Une vie de labeur et de don de soi
Né le 22 août 1923 dans le Moulin de Clarmont Rière, à Colombier-sur-Morges, Victor Corthésy avait repris, en 1946, avec son frère aîné, l’exploitation familiale lors du décès de leur père. En 1959, il étudia les rudiments de la comptabilité et la dactylographie, ce qui lui permit d’obtenir un poste de comptable à la SVAV (ancien nom des magasins Landi) à Puidoux. En 1966, il en devint le gérant et le magasinier, travaillant au dépôt le jour et au bureau la nuit. Sa bonne constitution lui permit d’abattre un travail de titan pendant 20 ans. Malgré son activité prenante, il trouva le temps, en 1962, d’épouser une demoiselle de Chexbres qu’il eut le chagrin de perdre en 1995. Retraité, il prit une part active dans la paroisse et les différentes sociétés de son village de Chexbres, en occupant simultanément sept postes de caissier. Il fit également partie, avec son épouse, dès 1967, de la société de chant Le Forestay. Le 22 août 2013, il eut le plaisir d’accueillir, chez lui, une délégation communale venue le féliciter pour ses 90 ans. Mais au mois d’octobre, sa santé déclinant, il a dû se résigner à entrer à l’EMS La Colline à Chexbres. Malgré les sens et la mémoire qui s’amenuisaient, il a gardé toute sa lucidité et restait intéressé lorsqu’un nouveau mot de la langue de Voltaire lui parvenait; il en cherchait le sens.
Un dernier adieu à cet homme de labeur, discret amoureux des mots, a été rendu au temple de Chexbres, le mardi 20 septembre. A sa famille et à ses proches, nous adressons toute notre sympathie.