Une nouvelle assurance obligatoire cantonale, pourquoi ? Pour qui ?
Guy-Philippe Bolay, Député, Lutry | Le 4 mars prochain, les citoyens vaudois devront se prononcer sur une initiative lancée par l’extrême-gauche, visant à imposer à tous les Vaudois le financement d’une nouvelle assurance obligatoire pour couvrir le coût des soins dentaires de base. Ces derniers comprennent les contrôles annuels, les détartrages et en principe les obturations simples. Il est en revanche clair que les traitements orthodontiques, les implants dentaires, les couronnes et les soins esthétiques ne seront pas couverts. Pourquoi créer une telle usine à gaz pour une couverture très relative, sans libre choix du traitement? Selon une estimation prudente tirée de l’exposé des motifs du Conseil d’Etat, l’initiative coûterait plus de 300 millions de francs par année à la collectivité vaudoise, soit environ la moitié du coût de construction du Métro M2. Son financement serait assuré pour les personnes cotisant à l’AVS par un prélèvement paritaire sur les salaires et pour les autres par la politique sanitaire cantonale, soit nos impôts. En résumé, le citoyen lambda paiera trois fois: sur son salaire, par ses impôts et chez son dentiste pour les soins non compris dans les prestations de base. Pourquoi créer une assurance obligatoire qui pénalisera à nouveau lourdement la classe moyenne de notre canton? Selon la proportion de la population active, cotisant à l’AVS, les deux tiers de la facture globale de 300 millions devront être assumées moitié-moitié par les travailleurs et leurs employeurs, soit un prélèvement supplémentaire de 200 millions de francs sur les salaires, alors que ces derniers sont déjà considérés comme très élevés en comparaison intercantonale et internationale. Pourquoi introduire une nouvelle distorsion de concurrence pour les emplois vaudois, alors que la reprise a de la peine à se concrétiser? Les initiants justifient de la nécessité de leur initiative par le nombre de personnes qui renoncent aux soins dentaires pour des raisons financières. L’Office fédéral de la santé publique estime toutefois cette population à 5.8%, dans la région lémanique. Pour ces personnes, on pourrait imaginer des solutions beaucoup plus simples, telles que des prêts à faible intérêt, voire sans intérêt pour les cas les plus difficiles. Pourquoi imposer à 100% de la population de financer une nouvelle assurance obligatoire de soins qui risque de subir les mêmes augmentations que l’assurance-maladie, dont se plaignent d’ailleurs les initiants à longueur d’année? Dans le canton de Vaud, 70’000 personnes bénéficient déjà de la prise en charge de leurs soins dentaires, pour un montant de 27 millions de francs. C’est 10% de la population; notre canton peut déjà être qualifié d’exemplaire. Pour toutes ces raisons, il faut voter NON le 4 mars 2018 à cette nouvelle assurance obligatoire inutile et coûteuse.