Un parcours de vie trépidant
N.By | Le territoire de la commune de Puidoux s’étend des confins de la Haute-Broye au Léman. Il est constitué d’une multitude extraordinaire de sites magnifiques modelés par la nature et ses habitants. C’est dans l’un des plus beaux, au lieu-dit En Poyat, près de Rivaz, que furent fêtés officiellement, samedi 19 juillet, jour de son anniversaire, les 90 ans de Jean Graul.
En 1930 le papa de Jean achète une parcelle de terrain comportant des vignes dans le Dézaley, près de Rivaz. Il décide de construire une habitation sur un éperon rocheux dominant comme un nid d’aigles le vignoble et le Léman. C’est en ce lieu grandiose que la famille Graul a accueilli le 19 juillet dernier de nombreux invités, dont une délégation de la commune de Puidoux emmenée par son syndic René Gilliéron, venue offrir à M. Graul les félicitations, les vœux ainsi que quelques bouteilles et un bon à faire valoir au restaurant Le Baron Tavernier.
C’est à l’âge de 10 ans, lors d’une rencontre fortuite avec un habitué du lac, M. Bournoud, qu’il se prend de passion pour les bateaux et la navigation. En 1938, il achète son premier dinghi et l’année suivante, il gagne la régate de Vevey, catégorie débutants. En 1940, il devient membre du Cercle de la voile de Lausanne (CVL), noue de solides liens d’amitié à Ouchy et partage alors tous ses loisirs entre ce lieu et des randonnées de chasse en compagnie de son père. Jean est en fin de stage à l’Université lorsque son papa décède, en 1942. En 1946, il épouse Danielle Coderey Tauxe et deux fils naîtront en 1947 et 48. Il travaille dans le négoce de fourrure jusqu’en 1954, lorsque survient le décès de son épouse, emportée par une embolie pulmonaire. Il se défait alors de son magasin et part naviguer en mer pour une longue période. En Bretagne, il s’intègre au monde des marins, devient navigateur d’un ketch de 19 mètres, navigue avec M. Tabarly père et d’autres navigateurs connus, participe avec succès à plusieurs régates de niveau international. Lors de Brest – La Canaries, il traversera au retour une tempête de niveau 12 à l’échelle Beaufort, affrontant des creux dépassant les 12 mètres. En 1958, il épouse en secondes noces Marie-Louise Cuenoud, de Cugy. Il continue de disputer des régates en mer avec succès. En 59, l’immense Bouddha peint sur le Spy de son 505 lui vaut la une de nombreuses revues internationales de Yachting.
En 1961, Jean Graul obtient le permis de construire la maison actuelle et les travaux débutent. Il deviendra résident permanent de Puidoux en 1962 et s’implique dès lors activement dans la vie locale. Il est élu au comité du CVL, en devient président en 63. Désapprouvant totalement la position négative du Comité et de son président en matière de participation à l’organisation de l’Expo nationale de 64, Jean Graul se retrouve à la présidence, seul, le Comité ayant démissionné en bloc. En 1964, il participe aux Jeux olympiques de Tokyo en qualité de membre de l’équipage du 5,5M. suisse qui terminera au 7e rang.
En qualité de président du CVL, Jean Graul fut appelé à collaborer avec Jean-Pascal Delamuraz, dans le cadre de l’aménagement du nouveau port d’Ouchy; cela s’est bien passé, Jean était à 6h30 dans le bureau du syndic de Lausanne; il avait des idées précises au sujet du nouveau port d’Ouchy. Il proposait la construction d’une nouveauté, un ponton flottant, qui s’est réalisé; et ce fut le premier de Suisse. Dans ce cadre, il s’est occupé du financement du club nautique; en cherchant des partenaires financiers pour la création d’un Club house, il a trouvé un allié au niveau du Cutling, puis en est devenu un membre assidu. Dans les années 70, il participa activement à la création du Club des sociétés nautiques d’Ouchy et en devint président. Il était fonceur, un homme au caractère entier. Sur le lac, il attendait souvent qu’une bonne tempête s’annonce pour partir au large, et c’est encore lui qui rentrait devant les gars du Sauvetage venus à la rescousse. Il organise et participe à de nombreux championnats dans toute l’Europe; en 1982, il achète un bateau en mer et part en croisière au large des côtes d’Italie, de Sardaigne et de Yougoslavie. En 2011, il cesse de naviguer, vend ses derniers bateaux. Deux magnifiques maquettes construites de ses mains ornent maintenant son appartement.
En 2012, Jean Graul a aussi déposé ses skis, au grand soulagement de sa famille. Il fut un fonceur dans la vie, mais aussi sur les pistes. Peu de temps après son anniversaire, il a été hospitalisé. Nous lui souhaitons de retrouver rapidement la santé et son autonomie.