Un florilège de l’art suisse au Palais de Rumine
Pierre Jeanneret | Dans la perspective du nouveau bâtiment qui sera construit à côté de la gare de Lausanne, le Musée cantonal des Beaux-Arts (MBA) présente une partie de ses trésors. Ils sont souvent invisibles vu le manque d’espace à Rumine. L’exposition actuelle est centrée sur les rapports des artistes suisses avec Paris. Depuis le 18e siècle, la Ville Lumière attire des créateurs de toute l’Europe. D’abord à l’occasion des Salons annuels.
Les Parisiens attendent de la «peinture suisse»: on va leur en donner! Nos artistes vont se spécialiser dans le paysage alpestre, souvent «sublime» selon le goût romantique. Eugène Burnand obtient un grand succès avec son célèbre Taureau dans les Alpes. Mais on verra aussi à l’exposition la représentation d’un Valais traditionnel par Ernest Biéler et l’extraordinaire Remorqueur sur fond de ciel sanglant, de François Bocion, l’un des meilleurs peintres du Léman. Au 20e siècle, les galeries des marchands d’art remplacent les Salons, s’ouvrant à des artistes plus modernes. Parmi eux, Gustave Buchet, l’un des rares avant-gardistes vaudois, inspiré par le futurisme, un mouvement qui exalte le monde moderne et la vitesse. Une salle extraordinaire est consacrée à la guerre de 1914-18, dont Félix Vallotton a montré l’horreur dans une série de bois gravés. Rappelons que le MBA possède la plus grande collection mondiale de cet artiste célèbre ! Quant à Eugène Grasset (l’auteur de la fameuse image «Je sème à tous vents» des éditions Larousse), il est un bon représentant du symbolisme.
Les femmes sont bien présentes aussi dans l’exposition. Notamment Alice Bailly, qui fait sentir le tourbillonnement des patineurs au Bois de Boulogne. Car la vie parisienne, ses foules, ses scènes de rue, ses spectacles fascinent les Suisses. Et la visite de cette riche exposition se terminera par une série de sculptures de Rodin, dont Le Baiser et Le Penseur. A voir absolument!
«Paris, à nous deux! Artistes de la collection à l’assaut de la capitale», Lausanne, Musée des Beaux-Arts, jusqu’au 26 avril.