Tension en hausse dans le Jorat entre les différents protagonistes
La tension monte dans la région du Jorat entre les différents protagonistes des transports scolaires. Le transporteur scolaire refuse d’appliquer la nouvelle grille horaire planifiée par son concurrent CarPostal et imposée par l’ASIJ. L’APE-Jorat transmet sa pétition à l’ASIJ demandant que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui défraie la chronique depuis fin août dernier.
Mathieu Janin | Le lundi 6 novembre aurait dû être marqué d’une pierre blanche pour les écoliers et parents du Jorat. C’est en effet le jour où la nouvelle grille horaire planifiée ces dernières semaines par l’entreprise CarPostal aurait dû entrer en vigueur selon le calendrier prévu par l’Association scolaire intercommunale du Jorat (ASIJ).
L’ASIJ dans l’impossibilité d’appliquer son nouvel horaire
Le vendredi 3 novembre, l’ASIJ annonce par communiqué de presse que l’intercommunale ne pourra pas mettre en vigueur ces nouveaux horaires en raison du refus du transporteur concerné d’utiliser la nouvelle grille. D’après ce communiqué, l’entreprise en question serait revenue sur sa parole d’appliquer la nouvelle planification calculée par son concurrent CarPostal, suite aux dysfonctionnements survenus depuis la reprise scolaire d’août dernier. L’affaire étant désormais en mains des avocats respectifs des deux parties précitées, l’ASIJ se voit forcée par conséquent d’appliquer les horaires déficients en vigueur jusqu’à que l’intercommunale parvienne à négocier une issue favorable à cette affaire qui défraie la chronique depuis des mois.
Taxi Romontois garde le silence
Pourquoi avoir accepté dans un premier temps d’appliquer une nouvelle grille horaire calculée par un tiers et revenir par la suite sur cet accord? La direction de Taxi Romontois SA n’a pas souhaité s’exprimer sur ce point. En lisant la seule déclaration de son directeur parue à mi-octobre dans l’hebdomadaire «Le Messager» (voir ci-après) on peut imaginer que la pierre d’achoppement pourrait résider dans la négociation de ressources supplémentaires en véhicules et chauffeurs nécessaires à la réalisation de la nouvelle grille horaire dans le cadre du contrat précité. Cette piste n’a jusqu’à présent pas pu être confirmée, ni par les Taxis Romontois, ni par l’ASIJ.
L’APE-Jorat déplore la situation et remet sa pétition aux autorités concernées
L’Association des parents d’élèves du Jorat déplore cette nouvelle dégradation des relations entre l’ASIJ et Taxi Romontois SA. Pour Christine Muller, porte-parole de l’APE-Jorat, «Nos craintes se sont malheureusement réalisées et la situation s’embourbe encore plus». Elle constate que les deux parties en conflit font des déclarations contradictoires et se rejettent la faute mutuellement, faisant ainsi référence aux déclarations de Christophe Conus, directeur de Taxi Romontois SA dans les colonnes du Messager le 12 octobre dernier, affirmant que l’ASIJ lui avait transmis un cadre précis à ne pas dépasser (nombre de bus, nombre d’élèves, horaire des cours, lieux à desservir et kilométrage maximal) pour calculer la nouvelle grille horaire et fixer le prix de la prestation. Il reprochait également à l’ASIJ de ne pas l’avoir autorisé à modifier ces paramètres l’année suivante, malgré la hausse du nombre d’élèves à transporter et un collège supplémentaire (le nouveau collège de Servion) à desservir. Avant que l’ASIJ lui demande de revoir sa copie et de confier la planification des horaires à un concurrent. «Difficile de travailler correctement dans ces conditions-là» concluait-il. Difficile voire impossible de s’y retrouver pour les parents d’élèves parmi ces déclarations contradictoires. Dans l’espoir de voir plus vite le bout du tunnel, près de 500 personnes ont entretemps signé en l’espace de trois semaines une pétition lancée par l’APE-Jorat.
489 signatures pour faire la lumière sur cette affaire
Excédés par ces événements, les pétitionnaires demandent à l’ASIJ de rompre au plus vite le contrat qui la lie au transporteur Taxi Romontois SA et de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour mettre en place rapidement et garantir durablement des transports scolaires efficaces et satisfaisants. Ils demandent également l’amélioration de la sécurité des élèves aux abords des écoles et sur leurs itinéraires piétonniers.
Le demi-millier de pétitionnaires demande également à l’ASIJ la création d’une commission pour investiguer dans les meilleurs délais sur ce qui a dysfonctionné dans cette affaire et prendre toutes les mesures correctrices nécessaires afin qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire. La pétition demande aussi à l’ASIJ de se réunir autour d’une table avec toutes les parties concernées, dont un représentant de l’APE-Jorat pour développer ensemble un Plan de mobilité scolaire régional ayant pour objectif de sécuriser et d’améliorer les déplacements des écoliers. Pour Christine Muller, les près de 500 signatures récoltées en trois semaines démontrent l’importance, aux yeux des parents d’élèves et des contribuables de notre région, d’améliorer la mobilité scolaire au niveau régional. L’APE-Jorat espère que l’ASIJ saura entendre les demandes qui lui sont adressées par le biais de cette pétition et qu’elle y donnera bonne suite. Par ailleurs, l’APE-Jorat et son groupe de travail Transports & Sécurité se tiennent à disposition pour collaborer avec les autorités dans le cadre précité.
Le comité de l’APE-Jorat s’adressera également, ces prochains jours, aux préfets des deux districts concernés (Lavaux-Oron et Broye-Vully), à la conseillère d’Etat en charge du département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) ainsi qu’au directeur général de la direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) du canton de Vaud pour leur demander d’appuyer les diverses démarches visant à recouvrer dans les meilleurs délais une situation de transports scolaires normalisée. Elle présentera également les résultats détaillés de la pétition ainsi que les suites envisagées lors de son assemblée générale ordinaire annuelle, ouverte au public, qui se tiendra ce jeudi 9 novembre à 19h à la grande salle de Vulliens.
Un transport nommé désir …
Romane Schlup | On aurait pu dire qu’il s’appelle Hubert. Le prénom aurait été d’emprunt, sauf que le chauffeur professionnel qui témoigne via Le Courrier, est quant à lui bien réel. Loin du «remue-méninge», des chassés-croisés et autres prises de tête et passes d’armes juridiques, il essaie juste de faire son travail. Son travail, c’est de transporter, chaque jour des élèves du groupement de l’ASIJ d’un point à un autre, en suivant son plan de route. Ni plus, ni moins. De sa réalité ou de celle de ses collègues, qui s’en soucie? Il est facile de pointer du doigt les couacs, les carences, les manquements. Cela permet bien sûr des régulations, des ajustages. Il faudrait néanmoins, pour un réglage optimal, aussi se soucier du reste. Le reste, c’est son quotidien, ce qu’il fait journellement et aussi ce qu’il pense. Concerné, Jean-Michel Fonjallaz, l’est. Il a témoigné de sa vision des choses, sans aucunement faire porter le chapeau à qui que ce soit. Ni plus, ni moins.
Il a dû affronter les foudres de certains parents mécontents à la rentrée, leur expliquer.
Il ne peut agir ni sur le tracé imposé, ni sur l’horaire établi pour les enfants transportés. En ce qui concerne les trajets horaires «aller» tels que planifiés actuellement, il les qualifie de relativement corrects, c’est-à-dire réalisables. Ils peuvent être tenus au niveau du timing. Le problème se pose pour les trajets «retour». Les horaires n’ont pas été adaptés à la réalité du parcours. En l’état, c’est le statu quo. De ce constat, monsieur Fonjallaz en arrive à un questionnement plus large. Il se demande comment des horaires utopiques ont pu être validés sans que les paramètres entrés ou proposés n’aient été remis en cause par qui que ce soit avant la rentrée scolaire et ce, malgré des signaux d’alarme tirés. L’étendue du territoire a toujours été un maillon faible en matière de transport scolaire, il le sait par sa pratique. Le point de rupture a été atteint. Une mauvaise communication ou une non-communication entre les divers acteurs, dans une situation difficile – loin d’être simple à gérer –, ne pouvait qu’amplifier le problème et amener inévitablement à une situation de blocage et de crise.
La gestion des horaires par un intervenant tiers (CarPostal) n’est toujours pas une solution adaptée à la situation, selon le chauffeur. Il y aurait dans ce cas, un intervenant de plus, mais pas forcément une meilleure fluidité dans la transmission des informations. Quel serait le référent compétent et global en finalité vers lequel se tourner, qui serait dans l’organigramme, le dépositaire de tous ces éléments et qui en porterait et en assumerait l’entière responsabilité? On en revient toujours au même point, au gros du problème. Cela sera encore ainsi tant que l’importance de la coordination entre les parties ne sera pas fondamentalement repensée. Le choix du prestataire n’est qu’un vecteur parmi d’autres, mais il n’est pas le seul. Il faudrait pouvoir réfléchir avec bon sens, sur des bases saines. Réfléchir autour des enclassements en privilégiant les élèves pouvant se rendre «à pied» à l’école en priorité, optimiser les accueils de cantine à midi, veiller aux deniers des contribuables en relevant des aberrations. Ce sont des pistes. Son analyse est lucide. Tout le monde a des exigences fortes, sauf qu’à un moment il y a des implications liées à la faisabilité. Cela devient une limite. Son seul désir, dans tout cela, serait d’avoir une communication plus claire. Il souhaiterait que le démêlage s’arrête enfin et que le remaillage commence. Humaniste, il l’est: une solution est à trouver. Pour les enfants. Il s’en va. C’est l’heure de sa tournée. La pause est terminée.