Sur les traces de l’or blanc, d’Ollon à Bévieux
Catherine Panchaud | Jean de Charpentier, directeur des salines de Bex de 1813 à sa mort en 1855 et Lady Sally Duberly Delmard, une intrépide touriste anglaise tombée amoureuse de la région et des mines, tous deux en costumes d’époque, attendaient les quelque 17 membres de l’Association, sur le pont dominant la Gryonne pour les accompagner dans la dernière partie de la route du sel.
C’est en 1500, qu’est découverte la première source salée de Suisse, grâce à l’observation d’un chevrier qui voit ses chevrettes sans cesse attirées par l’eau d’un ruisselet au-dessus de Bex. Cette découverte va lancer une vaste opération de minage de la montagne. De Roche à Bex, des ouvriers armés d’un maillet et d’une cisette (marteau pointu) creusent un réseau, sinueux et tortueux, d’étroites galeries à la recherche d’eau chargée de sel. Transportée dans des tuyaux de bois, des saumoducs jusqu’aux salines construites d’Aigle à Bex, elle était évaporée dans de grandes poêles posées sur des feux de bois pour en extraire le sel.
Jean de Charpentier et Lady Sally racontent le travail des mineurs, les dangers qu’ils courent: éboulement, coups de grisou parfois mortels et le manque d’air que l’on compensait par de longs tuyaux de mélèze dans lesquels on soufflait de l’air. Arrivés vers ce qu’il reste de la Saline du Dévens, nous avons le plaisir d’être reçus dans le jardin de l‘ancienne maison du directeur, actuellement une maison d’hôtes dominée par le Grand Muveran.
La Saline des Dévens a vu de nouvelles inventions destinées à économiser le bois dont la graduation qui consistaient à faire dégouter plusieurs fois l’eau salée dans de hautes colonnes de paille. Vent, soleil et paille réduisaient l’eau au maximum ainsi que la consommation du bois.
Notre promenade se poursuit dans la forêt du Montet où nous admirons les immenses blocs erratiques déposés par les glaciers des alentours. Elle s’achève à Bévieux, lieu de l’usine actuelle du sel de Bex devenu sel de Suisse depuis le début de l’année par son mariage au sel de Bâle. Nous quittons nos deux guides redevenus Sandrina Cirafici, archéologue, conceptrice du Sentier du Sel, spécialiste en iconographie, et Pierre-Yves Pièce, guide du patrimoine, spécialiste en généalogie, entre autres intérêts. Ils sont chaleureusement remerciés par Armand Deuvaert, organisateur de cette passionnante et très belle balade.