Sports « fun »… l’avenir ?
Pierre Scheidegger | Il y a une dizaine d’années environ, je lisais la biographie d’un grand couturier et retenais un passage qui m’avait quelque peu laissé songeur, qui cependant, après réflexion faite, me plongeait dans une superbe réalité des modes.
En effet, selon cet article, ce grand couturier laissait entendre qu’il n’y avait plus besoin de mode pour créer de la grande couture, mais que la mode était tout simplement de se faire plaisir.
Alors, je me suis mis à élaborer quelques réflexions en relation avec tout simplement le sport, plus précisément les sports «fun», sports de prédilection de beaucoup de jeunes.
On doit reconnaître que lors de l’avènement des sports fun, beaucoup de «grands spécialistes» touchant tant au sport qu’à l’éducation de la jeunesse dessinaient des plans sur la comète en pensant que ces sports fun n’étaient qu’une mode passagère.
Ils se trompaient et avaient ignoré cette volonté juvénile de sortir des obligations du sport étayé. Il est vrai qu’aujourd’hui on peut considérer la jeunesse pratiquant des sports fun comme les «soixante-huitards» de ce mouvement, et ce n’est pas par hasard si elle a choisi les sports de glisse, désireuse de défier tout tabou établi.
Alors, pourquoi
cette réaction ?
Tout simplement cette volonté de gérer son propre plaisir sans contrainte ou obligations édictées par un club, une fédération, et surtout ne pas s’astreindre à des compétitions officielles mais bien de partager ses sensations, sa camaraderie, ses expériences tout en désirant continuer de pratiquer son plaisir même en ayant passé dans le monde de l’adulte.
Il est vrai que l’on pourrait se poser la question pour quelle raison un pourcentage élevé de jeunes sportifs abandonnent leur discipline de prédilection gérée par une fédération, en passant dans les catégories supérieures?
Est-ce tout simplement en prenant conscience de certaines barrières quasi inamovibles se trouvant entre leur sport organisé et la compréhension d’une volonté de liberté par la pratique d’un sport fun? C’est une question!
Il faut cependant reconnaître que cette jeunesse sportive ouvrait une porte à l’éclosion d’une organisation quelque peu clanique, faisant office de famille cherchant souvent à combler les manques de la société.
Et pourtant !
De par la qualité du spectacle «sportif» qu’offre cette jeunesse en pratiquant sa discipline fun, il n’aura pas fallu longtemps pour attirer médias, public, sponsors et… fédérations!
La nécessité d’une structure étayée devenant une obligation s’il y avait aspiration à participer aux grandes compétitions internationales, tels les Jeux olympiques ou autres Championnats mondiaux, ne laissa aucune prérogative autre que d’adhérer à une fédération. Le succès de cette volonté juvénile, en accord avec les dirigeants sportifs, autorisa de perpétuer néanmoins les joies d’une pratique sportive libre et appréciée par beaucoup.
Ce fut une belle victoire et surtout la démonstration, si besoin était, que de plus en plus le dialogue doit rester ouvert par la volonté d’une belle jeunesse sportive offrant ce petit plus à toute compétition. Preuve en est, les superbes médailles que nos athlètes ont offertes à la Suisse lors des derniers Jeux olympiques de la Jeunesse à Lillehammer en Norvège.
Bravo et merci à ces jeunes sportives et sportifs de nous offrir ces superbes spectacles de liberté, d’efforts toujours empreints de joie, d’amitié contagieuse et de décontraction.
Déjà les JOJ Lausanne 2020 vous attendent avec une pointe d’impatience.