Seuls le ciel et la terre Brian Leung
Milka | 1927. Après quarante années d’absence, Adele Maine revient à Dire Draw, petite ville minière du Wyoming. Elle n’a jamais oublié les événements qui ont failli lui coûter la vie et l’ont obligée à quitter son mari sans un mot d’explication. Adele était alors venue rejoindre son frère dans l’Ouest américain, véritable eldorado pour des milliers d’hommes en quête de travail sur les lignes de chemin de fer ou dans les mines de charbon. Au cœur de cet univers hostile, elle s’était liée d’amitié avec un jeune Chinois victime, comme les siens, du racisme et du mépris des ouvriers blancs. Et puis est arrivé ce terrible jour de 1885 où les haines ont explosé et où il lui a fallu choisir…
Pour ce roman, Seuls le ciel et la terre, Brian Leung prend pour toile de fond un événement historique des Etats-Unis, à savoir la venue de nombreux immigrés pour la compagnie de chemins de fer. L’Union Pacific fit venir de nombreux Chinois pour travailler dans les mines de charbon. Une main-d’œuvre bon marché qui prend petit à petit le travail des Blancs, qui ont eux-mêmes peu de ressources sur cette terre ingrate.
«L’Union Pacific isolait les Chinois le plus possible. Dans cette région, ils étaient invisibles sauf quand on avait besoin d’eux ou qu’on les accusait de voler le travail des autres.»
La narration alterne entre trois étapes de la vie d’Addie: celle où elle revient sur les lieux quarante ans plus tard, celle où elle se trouve à l’hôpital juste après l’émeute de septembre 1885 qui coûta la vie à de nombreux Chinois, et celle où elle arrive dans le Wyoming auprès de son frère. Ces trois étapes permettent de vivre la rencontre d’Addie et de Wing Lee et l’évolution de leur amitié.
Une page de l’histoire des Etats-Unis un peu oubliée mais qui n’est pas sans nous faire penser à nos propres réactions face aux arrivées massives d’étrangers. Mais un très beau roman.
Grâce à son talent et à son empathie, Brian Leung nous fait voir ce qu’il y a de pire mais aussi de meilleur chez l’être humain. (Ron Rash)