Scandales et légalité (suite)
Scandales et légalité (suite). Depuis quelques semaines, à l’aune des Paradise Papers, il est beaucoup question de scandales, d’éthique et de morale. Interviews d’hommes d’affaire et d’avocats se succèdent dans les médias et il ne se passe plus un jour sans qu’un nouveau nom apparaisse avec sa spécialité. Chaque scandale s’appuie sur la légalité qui a permis le détournement de sommes colossales.
Il ne peut y avoir scandale puisque c’est légal !
L’indignation générale peine à justifier sa propre humeur devant l’aplomb de sommités de la rhétorique et, devant la confrontation passerait presque pour un demeuré incapable de comprendre – et qui plus est d’agir – dans cette société moderne, monde de toutes les opportunités.
Curieusement, un terme n’est que très rarement mentionné dans le capharnaüm médiatique ambiant : impôts…
Car il s’agit bien, pour ces sublimes héros du XXIe siècle, d’échapper à une taxe trop lourde en cherchant refuge dans des contrées plus hospitalières grâce à un montage financier que la loi permet et protège. A ce niveau, clairement, ces chevaliers des temps modernes sont blancs comme neige et se considèrent comme des guides vers un monde meilleur.
Mais là où la mémoire semble leur jouer des tours c’est dans la notion même de l’impôt ; cet impôt ne serait qu’un bakchich officiel qu’il faudrait contourner…
Quitte à enfoncer des portes ouvertes, rappelons que les impôts « ont pour but de couvrir les dépenses publiques et les interventions économiques et sociales de l’Etat », dépenses et interventions qui sont en faveur du citoyen dans les pays dits civilisés. Personne ne se réjouit à l’idée de payer ses impôts mais tout le monde reconnaît l’utilité d’un tel système…
Le scandale réel est là, dans cette omission. Le système social dans lequel nous vivons est basé sur l’impôt, sur la solidarité des citoyens et des cantons, chapeauté par l’Etat fédéral. C’est sur cette base tangible que la démocratie est bâtie et parvient à fonctionner. Le scandale est patent lorsqu’un individu, par un montage opaque et volontaire décide par lui-même de ne plus payer pour les écoles, les routes, l’accès à l’eau, un système communal de ramassage de déchets, etc.
Le Sublime Champion perd alors de sa superbe et présente son vrai visage, celui d’un vulgaire et pathétique voleur.
J’accepterai volontiers un point d’augmentation d’impôt rien que pour entendre ces Césars de la sesterce nous donner leur propre définition des termes impôt et solidarité !…