Savigny – La Fête des vignerons 1977 mise à l’honneur
Concert ACS le 6 mai à 17h au Forum
Yves Bugnon | Le chœur symphonique de l’Université populaire de Lausanne, dirigé par Yves Bugnon, interprètera la Fête des vignerons 1977 en version concert au forum le dimanche 6 mai. L’occasion de donner la parole à son directeur.
Le mot du Directeur
1977, la Fête des vignerons à Vevey. J’y dansais. Dans le cortège, je paradais la faux sur l’épaule vêtu de mon beau costume couleur blé et coquelicot de moissonneur de l’été. Chaque spectacle, je tournoyais la mi-été de Taveyanne contre la Monferrine des vignerons de l’été, je fauchais les «Ô moisson de mon enfance». Tout en accueillant les armaillis, je vibrais au ranz des vaches émouvant de Romanens et celui tout fier de Papaux… La Fête en 1977, c’est d’abord quatre créateurs. Savourant la magie des costumes de Jean Monod, où chacune, chacun se reconnaissait, communiait au spectacle. Me délectant des rondes, roses, roues et rosaces de Charles Apothéloz, lui qui savait placer l’homme dans un centre rayonnant. J’étais impressionné par la proclamation des «Peuple de la Fête» et «Sur le cadran de l’année» de Henri Debluë par la bouche de Samuel Leresche, le magnifique roi. Et tout le monde chantonnait, sifflotait les charmantes mélodies de Jean Balissat, la valse «Tu es belle comme les arbres en fleur», les gamineries des «Pissenlits», la noblesse d’«Il est venu le temps de la moisson», la tendresse d’«Ô moisson de mon enfance», la pureté du «Matin de Noël».
Alors pourquoi ne pas partager cette musique à l’approche de la prochaine?
2017 – Ressortir la partition, la modeler pour une lecture transversale, rappeler le rythme des saisons. Cinq! Celle du Renouveau conclut par une vision christique les quatre temporelles, aux quatre éléments, (terre, feu, eau, air) aux quatre évangélistes, ces Sarments du Cep de vie, et leurs symboles constellés (Taureau/Luc, Lion/Marc, Aigle/Jean, Verseau/Matthieu).
J’entends vos questions :
– Pourquoi chanter cette musique, celle de Jean Balissat?
Elle est écrite pour un grand choeur, elle est composée pour un choeur de concert et aussi bien sûr pour des sociétés villageoises. Son unité est remarquable par la ferveur que Jean Balissat mit à sculpter le temps du spectacle durant trois heures. Ici une heure suffira.
– Mais, les choristes vont-ils aimer?
Cela dépend de la présentation des choses, mais aussi de la pertinence du choix des extraits. Chantons dans l’ordre mais par touches sans chanter forcément toutes les strophes et tissant un lien par un récitant. Ainsi nous profitons de la présence de Christophe, le fils du compositeur. Enfin, mélangeons les chœurs sérieux et les mélodies légères, faisons valser et chantons joyeux.
– Euh…! la musique de Balissat est-elle belle?
Alors découvrons-là ensemble. Le texte est rythmé et rimé, la musique aussi. Le poème est riche d’images, la musique aussi. Balissat a le souci de suivre le texte et de le faire comprendre. Il respecte la prosodie et fait danser le rythme des syllabes; proche du rythme parlé, il le colore par des harmonies chatoyantes et mouvantes.
– Mais est-ce difficile?
Oui et non! Pour l’auditeur, c’est agréable et harmonieux, tantôt joyeux et festif, tantôt tendre et méditatif: «Une alouette lance son chant tirelirant […] s’en vint un grand silence» (chanson du blé). Pour le chanteur c’est exigeant, car très précis. Balissat compose avec le souci de l’exactitude. Celle du chef d’orchestre et d’harmonie, son harmonie la célèbre Landwehr de Fribourg; mais aussi celle des formes musicales, des sentiments et des expressions. Notre adaptation pour le piano avec 4 solistes et récitant pour la salle Paderewski et pour le Forum de Savigny en mai, laisse pleinement savourer l’intimité de son œuvre. Sa musique est remplie d’images, d’idées, de surprises, à nous de comprendre sa volonté, de suivre ses nombreuses indications et de transmettre son amour d’être musicien. Cela se lit dans sa partition, Balissat se fait plaisir à composer la musique du spectacle, ainsi qu’à le créer avec ses trois compères créateurs.