Saint-Saphorin: il faut ce qu’il faux… !
Jean-Pierre Lambelet | Si l’on vous parle d’un instrument formé d’une lame arquée fixée au bout d’un long manche, à quoi pensez-vous?… Mais c’est bien sûr que si…! Evidemment, c’est une faux!
Il est vrai que de nos jours, on entend plus souvent dans nos talus le ronronnement énervant des débrousailleuses que le léger sifflement de la faux. Il n’en reste pas moins qu’en Ogoz sur les hauts de Saint-Saphorin, il y a un habitant passionné par cet outil à la fois simple et complexe dans son apprêt et son usage. Marjanco Madzovski est né à Grad dans la région de Delveco en Macédoine dans une petite ferme où il a appris très jeune à manier une faux et, en travailleur zélé et consciencieux, il s’est intéressé à l’utiliser à la perfection.
En 1990, il arrive en Suisse à l’âge de 22 ans et travaille chez un vigneron de Rivaz, puis chez André Fleurs et ensuite à la Ville de Vevey (parcs et jardins) jusqu’en mars 2017. Cet homme de la terre se sent bien sur la terre de Lavaux et il s’y implante définitivement avec son épouse et ses 3 fils en devenant citoyen suisse en 2005 et maintenant conseiller communal à Saint-Saphorin. Sa passion pour cette fine lame qui se balade en cadence sur l’herbe verte de nos prés pour former des andains ou pour nettoyer les pieds des arbres tout en douceur et en silence ne le quitte pas et, par prolongement, il s’inscrit au sein de l’Association romande des faucheurs dont il fait partie du comité et devient juge lors des concours de fauchage.
Autrefois, on fauchait le blé à la faux et après, il fallait le battre au fléau pour en extraire le grain. Et c’est donc tout naturellement que Marjanco a fait la connaissance des Batteurs de blé du Jorat et est devenu membre de l’Association Jorat-souviens-toi. Aujourd’hui, il s’est installé à son compte comme jardinier-paysagiste et comme faucheur professionnel. Il dispense des cours sur le fauchage, l’aiguisage et la préparation de la faux. Et c’est là que l’on (re)découvre le langage spécifique des faucheurs. Par exemple lors de l’aiguisage, il faut placer la lame sur l’enclumette et la frapper avec douceur et précision avec un marteau pour la rendre fine et mince et surtout tranchante. On parle alors de l’enchaplage. Puis, il faut régulièrement l’aiguiser au moyen d’une pierre spéciale que l’on garde sur soi dans un coffin rempli d’eau. Et, il y a bien sûr le mouvement du faucheur qui se balance en demi-cercle en laissant glisser la faux sur le sol, et si possible sans la planter! Pour finalement voir se composer un bel andain régulier. Et tout cela est fort bien décrit dans un fascicule qu’il a édité et qui contient de belles photos explicatives. Et pour mettre une cerise sur le gâteau de son amour pour la faux, il a aussi composé une chanson en hommage aux faucheurs du monde entier.
Qui sont ces hommes, chapeau à la tête, hommes et femmes faux à la main, oh! oh! oh! ce sont les faucheurs du Pays d’En-haut qui vont faucher là-haut dans la montagne, qui vont ramasser du bon foin. Si vous voulez voir qui sont les faucheurs allez à L’Etivaz et à Pont Salomon. Oh! oh! oh! ce sont les faucheurs du monde entier.
Décidément, quand il faut ce qu’il faux…!
Pour les futurs apprentis faucheurs, une seule adresse pour un cours :
Marjanco Madzovski En Ogoz – 1071 Saint-Saphorin – 079 614 66 17 – 021 946 46 41 – emadzovski@gmail.com