Rétrospective du peintre Raoul Domenjoz
Raoul Domenjoz à l’Espace Arlaud jusqu’au 15 juillet
Pierre Jeanneret | Raoul Domenjoz (1896-1978) est malheureusement un peu oublié aujourd’hui. C’est aussi le lot d’un certain nombre de ses contemporains, artistes surtout actifs dans l’entre-deux-guerres et les années d’après-guerre: François de Ribaupierre, Georges Borgeaud, Charles Clément, Abraham Hermanjat, Paul Froidevaux et d’autres… Il est vrai que ces peintres se détournèrent des avants-garde et que leurs toiles restent assez traditionnelles. Mais leurs oeuvres continuent à réjouir l’oeil.
Domenjoz est né et mort à Lausanne. En 1920, il s’installa à Paris, alors le centre artistique du monde, où il connut un certain succès. Il participa à plusieurs expositions personnelles ou collectives. Il effectua aussi des séjours dans le Midi, à La Rochelle et au Maroc. En 1939, la guerre l’obligea à rentrer en Suisse, comme nombre d’artistes helvétiques exilés à Paris. Pendant le conflit, mobilisé, il réalisa des commandes officielles de peintures murales, notamment pour des écoles.
Le Musée Arlaud présente les diverses facettes de son oeuvre. On y trouve des nus, par exemple le Grand nu aux oiseaux qui fait un peu penser à Bonnard. Domenjoz a très bien su représenter le corps de la femme. D’autres tableaux traduisent avec bonheur les édifices de la capitale française et la vie parisienne. Mentionnons notamment ses belles vues du Pont Marie, cher à Apollinaire. Sur le plan technique, la pâte picturale est épaisse. L’artiste exprime bien le frémissement des branches d’arbres par une série de traits de pinceaux parallèles, qui rappellent les toiles des Impressionnistes. Des aquarelles évoquent, quant à elles, son séjour au Maroc, qui l’a marqué.
Le meilleur de son oeuvre est sans doute dans ses marines. Domenjoz aimait visiblement les bords de mer, les ports, les barques des pêcheurs, surtout en Bretagne. Avec un talent certain, il a su rendre les variations des eaux, bleues, vertes ou grises, et les ciels parcourus de nuages. Le spectateur est confronté à une belle peinture d’atmosphère. Les toiles de la dernière partie de sa vie nous paraissent en revanche plus lourdes.
Voilà une exposition attachante, sereine, à visiter. Elle gagne à être présentée dans les vastes salles nues de l’Espace Arlaud, sis sur la place de la Riponne, donc tout à côté du marché lausannois des mercredis et samedis!
«Raoul Domenjoz»,
Espace Arlaud, Lausanne jusqu’au 15 juillet 2018