Réflexion sur les résultats des votations/élection du 9 février
Christa Calpini, pharmacienne et ancienne députée | Deux objets fédéraux étaient à l’ordre du jour. Si le premier, à savoir l’initiative populaire « Davantage de logements abordables » promettait un résultat serré, le second « Interdiction de la discrimination en raison de l’orientation sexuelle » n’a pas fait grand débat puisque largement accepté par la gauche et la droite. La population suisse a approuvé (63%) les modifications du code pénal et code pénal militaire visant à renforcer la norme pénale actuelle et de l’étendre à la protection contre la discrimination en raison de l’orientation sexuelle. Ainsi, la disposition qui protège contre la discrimination et l’incitation à la haine fondées sur l’appartenance raciale, ethnique ou religieuse est complétée avec l’orientation sexuelle. Une lacune de la loi actuelle est ainsi comblée. Nous savons que la violence à l’encontre des homosexuel(le)s est une réalité et conduit certaines personnes au suicide. C’est inacceptable parce qu’on ne choisit pas d’être homosexuel(le). Pas plus qu’on ne choisit à la naissance sa famille, son pays, sa race, son ethnie ou sa religion. On doit faire avec et c’est ainsi. Pour conclure sur ce point, je dirais que cette extension de la norme pénale ne règle pas tout mais qu’elle constitue un pas en avant pour une meilleure prise de conscience des problèmes que rencontrent les LGB et incite ainsi notre société à plus de tolérance dans l’acceptation de sa diversité. Comme toujours, il faut du temps pour que les mentalités changent.
Quant à l’initiative « Davantage de logements abordables », elle est refusée à 57%. Le débat a été vif et c’est logique. D’un côté, des jeunes adultes qui quittent le nid familial, des familles qui s’agrandissent, des personnes âgées qui tous, ont besoin de se loger à un prix abordable et ne trouvent pas l’objet qu’ils pourraient assumer financièrement. Comme l’a expliqué le directeur de Caritas Vaud, lorsque l’on vit avec un revenu modeste, la part que représente le loyer conditionne fortement toutes les autres dépenses, même celles qui sont incompressibles comme les primes-maladie ou les impôts. Ce ne sont pas que les loisirs qui sont impactés, mais l’alimentation et la santé. La pénurie de logements à loyers abordables que nous connaissons depuis plus d’une décennie dans certaines régions est un réel problème de société. La Suisse est un pays de locataires (44% de propriétaires contre 70% dans le reste de l’Europe) et il est normal que ceux-ci se battent pour améliorer la situation. Mais la solution proposée par l’ASLOCA avait des défauts dont le quota de 10% unifié sur l’ensemble du territoire alors que les besoins diffèrent selon l’endroit. Cet argument a été vérifié par les différences de score suivant les cantons, 60,1% de OUI à GE mais 67,1% de NON en VS. Notre canton a logiquement dit OUI à 53,24% parce que la région lémanique est très prisée et qu’y trouver un logement à prix raisonnable est difficile.
Le Conseil fédéral et le Parlement avaient rejeté l’initiative et promis, en cas de son refus,
d’allouer immédiatement par décret un nouveau crédit de 250 millions sur 10 ans, injectés dans le fonds de roulement qui octroie des prêts en faveur de la construction de logements d’utilité publique. L’argent, c’est bien, mais encore faudra-t-il des projets immobiliers aux bons endroits, tel celui accepté à Nyon, pour obtenir des résultats concrets. Sans cela, la situation restera tendue, signe de nouvelles batailles.
Pour l’élection au Conseil d’Etat, c’est sans surprise que la PLR Christelle Luisier y accède au premier tour avec 56% des voix. Riche d’une belle expérience tant au niveau communal que cantonal, compétente et à l’écoute, elle a tout pour bien faire. Les communes ont besoin d’une telle personnalité au gouvernement afin d’être mieux défendues. Ce qui par contre, en ce dimanche, est un signal à ne pas négliger, est le score de la Grève du Climat avec 23%. Ce collectif a mis en avant le seul thème du climat et non une candidature. Le résultat interpelle et les politiciens, dans leurs décisions, ne pourront pas agir sans en tenir compte. Trouver le juste milieu pour que l’économie fonctionne tout en y intégrant les mesures de protection du climat, un sacré défi !