Réflexion sur le monde paysan
Myriam Edward | On entend parler de subventions qui seraient versés aux paysans pour les aider… à la fin du mois de mai, les titres des media annonçaient une aide aux agriculteurs qui auraient perdu leur récolte suite aux gelées du début mai… Mais en lisant les articles dans les détails, et en comprenant ce qui est écrit entre les lignes, je constate que toutes ces aides sont liées à des contraintes non négligeables, qui peuvent conduire à l’étouffement tout simplement. Subventions: pour toucher une subvention, l’agriculteur est contraint de faire des changements dans sa façon de travailler… pas au niveau organisationnel uniquement, mais également et le plus souvent, dans les infrastructures. Ceci engendre non seulement des frais énormes, mais également des contraintes nouvelles dans sa façon de travailler, dans les machines utilisées, etc. Comme à chaque fois qu’il y a des contraintes, des contrôles sont effectués régulièrement. Ceci est compréhensible à partir du moment où l’on donne de l’argent, mais au-delà des contrôles, c’est une machinerie administrative impressionnante qui est en fonction. Les agriculteurs doivent remplir des statistiques, des relevés, des formulaires et y perdent non seulement un temps fou, mais leur latin aussi ! La plupart d’entre eux n’ont pas de formation de secrétaire. Aides ponctuelles: selon un article paru dans «20 Minutes» le 1er juin, une aide sera versée aux agriculteurs ayant perdu leur récolte 2017 suite au gel! Mais en lisant l’article, il est mentionné qu’il s’agit d’un prêt sans intérêt… Comme tout un chacun le sait, un prêt doit être remboursé. Même s’il reste sans intérêt, ce prêt est une dette qui permet bien sûr de couvrir les frais à court terme, mais qui sur le long terme, peut entraîner notre agriculteur à creuser un peu plus le gouffre. Rappelons-nous que pour faire tourner une exploitation, un agriculteur a besoin de machines qui fonctionnent et qui coûtent, d’un domaine adapté aux exigences des lois actuelles – il a donc des frais réguliers et importants pour rester au niveau, et d’un moral de plomb… car son travail ne dépend pas que de lui! D’autres critères, comme la météo, la maladie viennent bien souvent freiner son travail, voir le détruire sans crier gare. Une bonne partie de nos agriculteurs s’est endettée au fil des années en transformant son domaine pour répondre aux exigences. Bien sûr, il existe des fonds d’entraide pour les aider financièrement – mais là aussi, il s’agit de prêts sans intérêts soit, mais de prêt quand même à rembourser. Lorsque l’on sait que le salaire moyen d’un agriculteur suisse se situe autour des Fr. 2200.- par mois (pour des semaines de 60 à 70 heures de travail)… personnellement, j’ai de la peine à voir comment il pourrait rembourser ses dettes. Comment donc, dans des circonstances aussi difficiles, pouvons-nous rester les bras croisés et ne pas soutenir les agriculteurs qui nous entourent? Comment pouvons-nous admirer les vaches paissant dans les prés, sans réaliser tout ce que cela engendre pour qu’elles puissent brouter en paix? Bien sûr, il n’est pas possible de tout révolutionner et changer d’un coup de baguette magique. Mais j’ai envie de dire: intéressons-nous à nos agriculteurs, allons à leur rencontre, essayons de comprendre ce qu’ils vivent et achetons les produits chez eux plutôt qu’en grande surface… ou pire encore, à l’étranger! Nos agriculteurs ont plus que jamais besoin de notre soutien à tous. Et si chacun d’entre nous fait un effort dans ce sens, nous pourrons leur montrer que leur travail et leur engagement compte pour nous. Merci à eux pour leur engagement sans relâche