Quel plan pour protéger la population en cas d’accident dans une de nos centrales nucléaires ?
Christa Calpini, pharmacienne | En 1986, nous avons tous été secoués par la catastrophe de Tchernobyl (plusieurs dizaines de milliers de morts). Le nuage radioactif a survolé la Suisse et nos autorités ont donné de nombreuses recommandations d’ordre sanitaire comme, par exemple, ne pas consommer de lait ou de légumes frais pour les jeunes enfants et les femmes enceintes. Il y a 5 ans, rebelote, avec Fukushima… Aujourd’hui, cette région est déserte, peuplée des seuls travailleurs du nucléaire et, par terre, des milliers de sacs remplis de déchets pollués par la radioactivité. Cette radioactivité, de quelque puissance qu’elle soit, n’a pas d’odeur, ne se voit pas et ne s’entend pas. Lors de catastrophes nucléaires, elle est si puissante, qu’elle tue. Je trouve donc logique un arrêt programmé de nos centrales, après 45 ans de fonctionnement, et ceci pour la sécurité de la population. Plus une centrale vieillit, plus elle devient fragile. Beznau 1, exploitée depuis 47 ans, et qui, avec ses défauts de fabrication et l’usure, est à l’arrêt depuis l’été 2015 en est un exemple frappant.
Comme l’ont relevé les médecins en faveur de l’environnement, la Suisse n’a pas tiré la leçon de Fukushima. Nous n’avons pas de plan catastrophe concret qui permettrait de répondre à un accident nucléaire de l’ampleur de ceux vécus ces dernières années dans d’autres pays. En effet, depuis 2015, la planification de secours est basée sur un scénario d’accident libérant dix fois moins de radioactivité qu’à Fukushima et cent fois moins qu’à Tchernobyl. De plus, il est estimé que le nuage radioactif n’émergerait pas avant 6 heures de temps, 6 heures sont donc nécessaires pour que «le plan protection de la population» soit opérationnel. Or, médicalement parlant, les dégâts sur la santé sont terribles: malformations, cancers, décès à plus ou moins long terme.
En 1997, soit 11 ans après la catastrophe, un photographe, Paul Fusco, s’est rendu sur place et a réalisé un reportage intitulé «Les oubliés de Tchernobyl». Les photos de ces enfants sont terrifiantes.
Je voterai «OUI» le 27 novembre car la fermeture programmée, pour 2029, de vieilles centrales obsolètes est la solution la moins dangereuse pour protéger «sanitairement» notre population. De plus, nous n’avons toujours pas trouvé la solution pour gérer les déchets nucléaires (les générations futures s’en occuperont!) et enfin, éthiquement, un aspect me choque : c’est l’extraction de l’uranium dans des mines à ciel ouvert, comme au Niger, sans aucune précaution pour l’environnement et surtout pour la population qui vit autour.