«Pour l’amour d’un stradivarius» Ovation du public à la Grange sublime
par Colette Ramsauer | Moment de rêve, dimanche dernier, pour le fidèle public du Théâtre du Jorat découvrant sur scène la relecture d’une histoire vécue. Un fait divers rocambolesque des années 80: le vol du stradivarius de Pierre Amoyal. La création, liant art de la musique et du visuel, semble être le départ d’une tournée internationale. Imaginé par la Compagnie Lunidea, le spectacle en deux actes démontre le haut niveau d’interprétation des jeunes musiciens de la Camerata de Lausanne dont le violoniste Pierre Amoyal est le chef. Il dévoile la performance peu commune de Cédric Cassimo, dessinateur sur sable en live, et présente une nouvelle facette en mime de l’humoriste romand Karim Slama.
Un rapt
En avril 1987, le virtuose Pierre Amoyal assistait sans défense au vol de son instrument, le Kochanski. Dans son livre paru en 2004, l’auteur parle d’un rapt. L’instrument est bien plus qu’un outil de travail. C’est un ami, un compagnon de vie dont il ne peut se passer. S’ensuivent quatre années d’attente, d’espoir de le retrouver dans son intégrité.
Le premier acte débute par «au commencement était l’arbre», le bois, instrument en devenir. Suivant les images projetées sur grand écran derrière l’orchestre, Pierre Amoyal, voix en off, narre sa propre histoire. Moments de joie, de tristesse, jamais de désespoir dans le déroulement d’une affaire vécue avec sérénité. Dénouement heureux.
Nino Rota bien présent
Les artistes livrent une subtile synchronisation de leurs interventions. Dans le choix musical, on retrouve Nino Rota par quatre fois – l’affaire se déroule, ne l’oublions pas, en Italie – avec le Finale del Concerto per Archi pour accompagner Karim Slama, louf en carabinieri. Ramification de G. Ligeti en accord parfait avec l’image projetée pour évoquer les craintes de Pierre Amoyal, alors que l’Adagio K546 de Mozart et le dessin spontané dans le sable de Cédric Cassimo se conjuguent à merveille. Moment de rêve où le spectateur retrouve la sensation primaire du toucher de l’insaisissable élément. Joyeux final avec un mouvement de Souvenir de Florence, op.70, de P. I. Tchaikovski. Dans la Grange sublime comble, ovation d’un public réellement conquis.