“Petit Paysan”, une tragédie dans le secteur primaire
Colette Ramsauer | «Petit Paysan», fiction/drame de Hubert Charuel. Le premier long métrage du réalisateur Hubert Charuel «Petit Paysan» nous emmène au coeur du secteur primaire, plus précisément dans une exploitation d’élevage en France. Dans une fiction aux allures de thriller, le premier rôle est attribué à l’acteur Swan Arlaud, bien connu dans les séries télévisées francophones. Il tient le film de bout en bout.
Cheptel condamné
Hubert Charuel met en scène Pierre, la trentaine, jeune paysan qui a repris l’exploitation familiale. Le stress des paysans, le réalisateur lui-même fils d’agriculteurs connaît. Il canalise le scénario sur le cas d’une contamination, la fièvre hémorragie dorsale, maladie dévastatrice qui mène à devoir éliminer tout un cheptel, 30 bêtes. Entre le futur sombre d’une paysannerie toujours plus soumise au diktat de Bruxelles et la santé mentale des paysans qui en prend un coup, le film aurait pu tenir du documentaire. La fiction exigeait des acteurs convaincants. L’acteur Swan Arlaud tient parfaitement le rôle.
Immense solitude
Lorsque avec sa jeune soeur vétérinaire (l’actrice Sara Giraudeau trop crue dans son rôle), Pierre découvre la première bête malade, il refuse d’y croire. On s’étonne du peu d’attention humaine apportée par le service d’hygiène constamment à l’oeuvre (ils font leurs heures et pas plus) Pierre en désaccord avec ses parents et qui n’a pas eu le temps de se forger une vie sociale tant la tâche à ses bovins l’occupait, se retrouve seul, effondré. L’épilogue le montrant quittant son exploitation image bien cette immense solitude, et ne nous étonne plus de la réalité du suicide chez les jeunes paysans.
Superbes Holstein
L’accent et le caractère citadins des acteurs collent mal au décor rural. D’ailleurs on ne se situe que peu géographiquement. Mais là n’était pas le but. Le réalisateur se concentre sur Pierre et ses vaches, des Holstein actrices, superbes dans leur robe bicolore.
Petit Paysan, fiction/drame,
France 2017, 90’
de Hubert Charuel,
avec Swann Arlaud,
Sara Giraudeau et Bouli Lanners
Au cinéma d’Oron,
vendredi 8 septembre à 20h,
samedi 9 septembre à 20h
dimanche 10 septembre à 18h
et lundi 11 septembre à 20h
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Le cinédoc, c’est pour bientôt à Oron
Dans le registre cinéma agreste, on pourra voir le 22 septembre prochain au cinéma d’Oron, «Alptraum» du réalisateur suisse Manuel Lobmaier, film documentaire dévoilé aux journées de Soleure 2017. «Armés d’une caméra et d’un enthousiasme débordant, deux amis d’enfance décident de tenter l’aventure de passer l’été à l’alpage, histoire de raviver leur amitié et de vivre au contact de la nature. Mais l’alpage est un environnement hostile et s’occuper du bétail tourne au cauchemar». Unique en son genre, drôle et sérieux à la fois, «Alptraum», (en français, cauchemar) pose les limites du grand idéal de liberté dans les Alpes.
«Alptraum» ouvre la série «Cinéma au coeur du réel», CINEDOC, au cinéma d’Oron. Un film sera projeté le dernier samedi du mois, 8 x dès septembre et jusqu’en mai. Les séances donneront lieu à des événements autour du film.
CR