Paulet de la Poste s’en est allé
Martine Thonney C’est dans le temple que les amis, connaissances et membres de sa famille se sont rassemblés à Mézières le 17 janvier dernier. Chacun avait dans sa mémoire une anecdote, un bon mot, une image, un souvenir récent ou lointain de Paulet. Personne (ou presque) ne l’appelait Monsieur Paul Pasche. Et pourtant, c’était son nom! Il était né à Ferlens avec son frère jumeau Jean-Daniel, plus simplement nommé Dany, le 7 mai 1936. Ils ont été rejoints quelques années plus tard par un petit frère, Marcel. Ses parents, René et Odette étaient agriculteurs et vivaient à la poste du village. Le grand-papa William en tenait le bureau. Après son école primaire au village, Paulet étudia à la prim’sup de Mézières. A 16 ans, il s’en alla en Suisse allemande comme le voulait la tradition. Grossaffoltern, dans le canton de Berne c’était l’endroit! On peut supposer qu’il y parla la langue locale, mais ce qui est sûr c’est qu’il y joua au football… car très vite Paulet aima ce sport! Il prêta d’ailleurs son talent au FC Mézières durant 35 ans. Que de sueurs, de discussions, de rigolades et d’après-matches cet engagement fit naître! A 23 ans, Paulet s’exila encore une fois, mais moins loin… à Corcelles-le-Jorat. Là-bas, il apprit les bases en six mois du métier de buraliste car à Ferlens, le bureau l’attendait. Chose faite en 1960. Et c’est ainsi que durant 36 ans, le courrier du village passa entre ses mains. La tournée, deux fois par jour d’abord, puis une seule, en deux-roues et à pied, c’était une bonne occasion de refaire le monde – ou tout au moins le Jorat – avec toute la population. C’était le temps où le service public avait un sens, et Paulet en a été un serviteur accompli. Il aimait son travail et les gens le lui rendaient bien. Il suffit d’avoir été invité au «café de la Poste» ou sous la tonnelle, voire à la chaufferie en hiver pour comprendre que l’amitié se déguste au sens propre comme au figuré. Il avait le sens de la répartie et son humour faisait du bien. Il se maria avec Nelly en 1962 et ils eurent deux fils, Jean-Paul et Pierre-Alain. Il fut municipal pendant 12 ans et intégra le corps des sapeurs-pompiers durant 32 ans. Il participa à divers travaux comme le déneigement ou les coupes de bois. Il s’investit dans la société de tir La Détente. Les Brigands du Jorat le comptèrent dans leurs rangs. Il aimait aussi le dimanche de septembre où les Amis de la Forêt partaient en excursion. Les contemporains organisèrent de beaux voyages auquel il participa avec plaisir. En compagnie des retraités buralistes de la région, c’était l’occasion de fraterniser. La lecture des journaux prenait une place importante, car Paulet était curieux de ce qui se passait ailleurs. La pétanque, les jeux de cartes, de petites balades à travers le village étaient des activités qu’il pratiquait avec bonheur. En 2016, Odette Pasche, sa maman décédait à cent ans moins quelques jours après 80 années passées sous le même toit familial. C’est alors que les médecins diagnostiquèrent un mal qu’il combattit à deux reprises. Mais à son troisième assaut, Paulet décida de cesser les hostilités et c’est doucement que ses forces le quittèrent. Nelly et ses fils, toujours à son côté, veillèrent fidèlement à son confort. Dans la chambre où il était né, il s’est éteint le 12 janvier. Paulet repose au cimetière de Ferlens; une figure n’est plus, le café de la Poste est fermé.