Nouvelle mission pour l’établissement de détention pour mineurs de Palézieux
Michel Dentan | Le projet d’établissement de détention pour mineurs (EDM) de Palézieux était-il, à l’époque, vraiment surdimensionné? Certes, depuis son ouverture au mois de mai 2014, l’EDM n’a jamais fait salle comble. Et il faut plutôt s’en réjouir! Ceux qui reprochent aujourd’hui à nos édiles d’avoir vu trop grand lorsque la décision de construire un tel établissement a été prise, doivent se souvenir que nous avons élu des humains et non des devins! L’heureuse évolution à la baisse de la criminalité des jeunes (-40% entre 2010 et 2014) ne pouvait être prédite et rien ne permet d’affirmer qu’elle perdurera. Elle peut rapidement et radicalement se modifier dans le sens inverse et l’EDM sera dans ce cas totalement adapté à cette nouvelle donne en retrouvant sa mission initiale. Souvenons-nous par exemple que la construction des trois pistes de l’autoroute de contournement de Lausanne – aujourd’hui saturée – avait autrefois également suscité un large débat!
Jeudi dernier, Béatrice Métraux et Sylvie Bula, respectivement cheffe du Département des institutions et de la sécurité et cheffe du Service pénitentiaire vaudois, ont présenté à la presse la solution adoptée afin de remédier au problème de la sous-occupation et aux charges financières qui lui sont liées.
Ouverture élargie aux jeunes adultes
C’est ainsi qu’à partir du 1er juillet prochain, sur décision du Conseil d’Etat, l’EDM mettra à disposition la moitié des 36 places actuellement disponibles pour accueillir, sous certaines conditions clairement définies, de «jeunes adultes», dont l’âge sera compris entre 18 et 20 ans – détenus au sens des dispositions du Code pénal –, ceux-ci pouvant, selon la situation, y séjourner jusqu’à 22 ans. Ces 18 places seront en résumé réservées à des jeunes gens en détention provisoire ou faisant l’objet d’une condamnation, mais pour des délits uniquement. Les auteurs de crimes ne pourront être admis dans cet établissement. La configuration des espaces garantit un hébergement parfaitement séparé des deux catégories. De même, seront mis sur pied, pour chaque division, un encadrement et un suivi appropriés, lesquels revêtent une importance primordiale dans le processus de réintégration.
Evaluation des partenaires
Le bien-fondé de la décision du Conseil d’Etat d’élargir la mission de l’EDM a également fait l’objet d’une évaluation par les partenaires concernés, notamment le Tribunal des mineurs, le Service de protection de la jeunesse et le Centre hospitalier universitaire vaudois. Tous ont accueilli cette solution avec intérêt en relevant la continuité et la cohérence de la prise en charge, laquelle tient compte des importants aspects socio-éducatifs de la population concernée, en lui offrant ainsi les meilleures opportunités de réinsertion. Sachant que c’est entre 18 et 25 ans que l’on relève les plus hauts taux de récidive, l’opportunité d’utiliser cette période doit être saisie afin que les efforts nécessaires soient consentis et que l’accent soit mis sur l’objectif de la réadaptation et, par là même, de la prévention. S’agissant des coûts, Sylvie Bula a d’ailleurs rappelé qu’il ne faut pas, dans ce contexte, uniquement tenir compte des montants liés au fonctionnement d’un service pénitentiaire, mais qu’il est primordial de considérer l’aspect d’un encadrement préventif efficace et de mettre dans la balance les dommages causés par la criminalité, lesquels engendrent d’importantes dépenses directes pour la société en général et pour les victimes en particulier.
Les enjeux politiques
La solution choisie par le Conseil d’Etat permet de continuer à assurer la mission de base de l’EDM sans la dénaturer, tout en y ajoutant une autre, élargissant ainsi très concrètement la prestation offerte. Elle devra permettre l’utilisation la plus efficiente possible des installations, une meilleure flexibilisation et l’optimisation de l’ensemble des infrastructures pénitentiaires afin de s’adapter au mieux à l’évolution de la société et de la criminalité.
Quelques statistiques pour l’année 2015, première année d’exploitation complète
Répartition des catégories d’âge: 66% de mineurs et 34% de majeurs
Taux d’occupation moyen: environ 68,6%
Occupation selon les cantons: Vaud 62%, Fribourg 15%, Genève 8%, Valais 7%, Neuchâtel 5%, Berne 3%. Les cantons du Jura et du Tessin n’ont pas eu recours à l’EDM.
Durée moyenne de détention: 18,22 jours (variant entre un seul jour et 341 jours)
Ndlr: la conférence de presse s’est déroulée jeudi 18 février, date à laquelle Le Courrier était déjà sous presse. C’est pourquoi cet article paraît cette semaine.