Nos amis les animaux du Tropiquarium: les lézards d’Australie
Luc Grandsimon | Le Tropiquarium de Servion présente des espèces très diversifiées telles que les tortues géantes, les célèbres dragons de Komodo ou encore les chatoyants oiseaux exotiques.
Cette semaine, nous allons vous parler de trois lézards endémiques à l’Australie: l’agame barbu (Pogona vitticeps), le scinque à langue bleue (Tiliqua scincoides) et le lézard à collerette (Chlamydosaurus kingii); on rencontre ce dernier également en Nouvelle-Guinée. «L’Australie est le continent qui possède le plus d’espèces mortelles pour l’homme, avec entre autres le grand requin blanc, l’araignée à dos rouge («red back spider») ou la méduse «box jellyfish», mais rassurez-vous, nos trois lézards ne sont pas mortels» nous explique Thomas Morel, le fils du directeur du Tropiquarium de Servion. Ces trois lézards appartiennent à la même sous-classe, les Lepidosauriae. L’agame barbu et le lézard à collerette appartiennent à la famille des Agamidae alors que le scinque à langue bleue appartient, lui, à celle des Scincidae.
A chacun son territoire
«Le Pogona vitticeps, appelé aussi dragon barbu, est extrêmement répandu; il est très représentatif des NAC (nouveaux animaux de compagnie); en effet, beaucoup de particuliers en possèdent, car il est curieux et pacifiste», nous explique Thomas Morel. Ce lézard, qui peut atteindre les 30-40 cm, a été découvert en 1920; il est semi-arboricole et se rencontre un peu partout, même dans de grandes villes; très sociable, il vit en petits groupes. Au Tropiquarium, notre groupe est composé de 7 femelles et 4 mâles.
Le lézard à collerette tient son nom du repli de peau qu’il peut tenir plaqué contre son cou ou ouvrir comme une collerette autour de sa tête s’il veut intimider. Il vit dans les arbustes des régions désertiques du centre de l’Australie, il mesure une soixantaine de centimètres. Une de ses particularités est de pouvoir courir redressé sur ses deux pattes arrières.
Le scinque à langue bleue n’est pas du tout arboricole, il est totalement terrestre et vit dans les régions semi-désertiques aux abords des forêts et des déserts, il aime s’ensevelir pour dormir. Il peut atteindre les 60 cm de long. «Au Tropiquarium, ces trois espèces de lézard vivent ensemble sur le même territoire», nous dit Thomas Morel.
Des régimes alimentaires variés
Jeune, l’agame barbu est insectivore, il devient omnivore adulte, c’est-à-dire qu’il mange des insectes mais aussi des fruits et de la viande. Plus âgé, son régime se constitue surtout de fruits et de petites proies capturées, telles que des souris ou d’autres mammifères plus petits que lui. Le lézard à collerette est essentiellement insectivore et carnivore toute sa vie, alors que le scinque à langue bleue est lui, insectivore, carnivore et frugivore avec un penchant pour la banane.
L’agame barbu et le lézard à collerette ont une espérance de vie de 15 à 20 ans, jusqu’à 30 ans pour le scinque à langue bleue.
«Lorsque j’avais une dizaine d’années, j’étais entré dans l’enclos des lézards pour les nourrir et le lézard à collerette est venu vers moi en ouvrant sa collerette pour m’intimider. Il a commencé à sautiller autour de moi sur ses deux pattes avec la gueule ouverte. C’était impressionnant, car lorsque sa gueule est ouverte, on peut voir très profondément dans son corps», raconte Thomas Morel.
Reproduction et dimorphisme sexuel
Parmi ces trois espèces, il est difficile de différencier les mâles des femelles. L’agame barbu et le lézard à collerette mâle possèdent des pores fémoraux situés sur la face intérieure des cuisses, celles-ci sécrètent une substance blanchâtre qu’ils utilisent pour marquer leur territoire. Seules ces glandes permettent de différencier les femelles des mâles. L’agame barbu mâle dominant a aussi sa gorge qui noircit lors des périodes de reproduction.
L’agame barbu et le lézard à collerette sont ovipares, le premier pond en une seule fois de 15 à 20 œufs qui incubent environ 70 jours alors que le deuxième, le lézard à collerette, effectue 3 pontes d’une dizaine d’œufs à un mois d’intervalle.
Le scinque à langue bleue est ovovivipare, c’est-à-dire que les œufs éclosent dans le ventre de la femelle, les petits naissent déjà formés, semblables aux adultes.
Le lézard à collerette et le scinque à langue bleue sont plus difficiles à reproduire en captivité que l’agame barbu qui se reproduit aisément.