Mobilisation citoyenne autour du pôle Gare
Pierre Yves Delcourt, urbaniste | Au démarrage de la séance à laquelle ont participé plus de quarante personnes, de nombreuses questions ont été posées sur les chantiers du PPA de la Gare. Les organisateurs ont fait état des dernières informations obtenues par LABEL. D’aucun a regretté que la Municipalité n’informe pas davantage les concitoyens sur ce projet sensible, laissant ainsi place aux rumeurs. Les inquiétudes portent principalement sur la coordination des chantiers de construction, les risques d’engorgement du rond-point de la gare, l’accès piétonnier à la gare, y compris pour les gens à mobilité réduite, et enfin, les impacts du projet sur les commerces du bourg.
Lors de l’atelier participatif qui a suivi, un état des lieux du commerce a été fait. Des pistes ont été esquissées afin de maintenir un bourg vivant et attractif. Pour Chris Altmikus, expert en démarches participatives, «les participants ont été pragmatiques et créatifs. Ils se veulent force de proposition pour que le pôle Gare devienne un atout complémentaire.»
D’aucun reconnaît que les atouts du bourg sont nombreux mais fragiles. L’offre est axée sur les produits de première nécessité. La diversité, la complémentarité, la qualité des produits et du ser
vice constituent pour les participants des atouts qu’il faut préserver. Tout comme la présence d’un médecin et d’un dentiste dans le bourg qui contribue à l’animation commerciale. Dans l’avenir, il faudrait toutefois améliorer la signalisation des commerces, en indiquant par exemple que depuis la gare de Cully, les commerces du bourg ne se situent qu’à trois minutes à pieds!
Les participants ont été unanimes pour dire que les commerces qui s’implanteront dans le futur bâtiment des CFF ne doivent pas concurrencer les commerces du bourg. Bénéficiant d’une chalandise et d’une accessibilité exceptionnelles, le pôle Gare affecterait gravement le dynamisme et l’attractivité du bourg.
La complémentarité est un impératif. Information touristique, agence de voyages, magasin de sport ou de bricolage, centre de bien-être et salles de sport sont quelques-unes des idées qui ont été émises. Le concept de centre commercial «low impact» a aussi été avancé.
Small is beautiful. C’est ainsi que les participants considèrent que leur «petite Coop» répond parfaitement aux besoins élémentaires. Résilients, ils acceptent pour le reste l’inconvénient de devoir s’approvisionner dans d’autres communes. C’est le prix à payer pour conserver l’équilibre fragile entre le supermarché, les vignerons, le boucher, le boulanger et tous les autres artisans locaux.
Visionnaires, les acteurs de Bourg-en-Lavaux proposent un modèle d’affaire alternatif pour les grands distributeurs alimentaires. Jusqu’à présent, la stratégie de la Coop ou de la Migros a été de cannibaliser les petits commerces des centres bourg, comme on l’a malheureusement vu à Puidoux ou Lutry. Dans une perspective de développement durable, respectueuse de la vie locale, ces géants devraient dorénavant adopter une nouvelle éthique. Renoncer à vendre certains produits ou nouer des partenariats avec les producteurs locaux.
L’ancienne régie fédérale devrait aussi développer une nouvelle étique. Sa rente de situation et les avantages octroyés aux commerces dans les gares CFF doivent être compensées pour éviter un déséquilibre insupportable. Exit donc les pharmacies et autres fleuristes à la gare de Cully pour conserver un bourg vivant.
Une délégation de LABEL sollicitera prochainement un rendez-vous auprès des CFF pour en discuter.