…mais pour moi, la Tour de Gourze c’était toi et ta maman
Blue sky | Si je t’écris ici, c’est pour rendre hommage à ton amour de ce Café et te dire combien tu l’auras marqué.
Pour beaucoup, tu étais la dame de la Tour, la Patronne ou Mme Cossy, pour moi tu étais tout simplement Grand-maman.
Tu aimais ce lieu plus que tout, tu y as consacré ta vie, aussi loin que je me souvienne, je t’entends parler de Ta Tour! Ton Café!
Si petite tu as sûrement dû pester de devoir faire des allers et retours à pied pour aller à l’école au village de Riex, tu aimais remonter chez toi, dans ton Café, et si tu l’as un peu quitté pendant que tes enfants étaient petits, tu y revenais le dimanche aider ta maman.
De ta naissance à ta mort tu l’auras habité, tu y as tout vécu et tu savais tout de ce Café et de ses alentours. Quand la création du chemin, l’arrivée de l’électricité, de l’eau ou du téléphone?
Tu aimais tes clients et ils te le rendaient bien, ils aimaient passer à la cuisine et te raconter leur histoire et partager avec toi leur joie et leur peine, et toi, tu te souvenais! «C’était ta famille du Café.»
Ce n’est pas pour rien qu’un vigneron de la région a dit à maman qu’avec ton départ c’était la mémoire de Lavaux qui s’en allait.
Quand tu as repris le Café au décès de ta maman, les Noëls ne se faisaient plus à Noël, mais le lundi qui suivait; fermer ton Café à Noël, fallait même pas y penser, «et si quelqu’un avait passé!!!»
Les jours qui précédaient Noël tu ne les passais pas dans les magasins à acheter des cadeaux, mais à préparer tes cornets pour les enfants de la région; mais le plus important c’était certainement tes roses, il n’était pas question qu’un client monte entre Noël et Nouvel An et n’ait pas son assiette de roses et de bricelets.
Tu as passé à travers les drames de la vie en faisant face, car ce n’était pas ton style de te montrer faible et tu as continué car ce bistro tu l’aimais par-dessus tout.
C’est vrai que tu n’as pas eu une vie facile, mais personne ne t’intimidait, tu n’avais pas peur de dire ce que tu pensais, tu avais un caractère bien trempé et tu n’avais pas ta langue dans la poche comme on dit ici.
Et il y avait ton amour des animaux. A la fin de ta vie, tu as ouvert ta porte à tous les chats qui venaient te le demander, entre ceux que les gens venaient abandonner pour cause de vacances et ceux qui avaient trouvé chez toi un logis confortable; à aucun tu n’as jamais fermé ta porte et ils t’ont sûrement réconfortée quand tu n’as plus eu la force de tourner tes fondues.
Ton caractère, tes piques et tes jeux de mots étaient connus et appréciés de tes habitués et c’est sûrement pour cela qu’ils étaient nombreux à te rendre hommage jeudi à l’église de Forel.
Et si, aujourd’hui, nous te disons adieu, ton souvenir planera longtemps sur ton Café.
Et la Tour sans toi, ce ne sera plus jamais pareil.