Ma fille dans un EMS…
Sari | Arthur me manque, sa présence, sa voix douce, son sourire chaleureux, sa bonne humeur. Les petits projets quotidiens, décider qui va faire quoi, où on va en promenade. Le simple fait de se tenir la main devant la télé, son regard à table, tout ça me faisait sentir exister.
J’aimais beaucoup cuisiner à deux, embellir son appartement par des touches de fleurs; que de bons souvenirs. Maintenant je deviens une vieille aigrie avec son chat sur les genoux; je me renferme dans ma coquille et j’attends que ça se passe, je ne sais pas quoi; je déprime, en quelque sorte, puisque tout me fatigue. J’ai arrêté d’écrire mes contes pour le journal, même cela m’épuisait; enfin le chat est de bonne compagnie !
Et puis le moral dans la famille n’est pas au beau fixe. Depuis que ma fille a perdu son mari, elle a tout plaqué et a pris la décision de vivre dans un appartement protégé pour personnes âgées alors qu’elle n’a même pas 70 ans. C’est le monde à l’envers, la mère qui rend visite à sa fille dans un EMS. Un EMS avec appartements protégés, c’est beaucoup plus intéressant je dois l’admettre.
Pour ma fille qui n’a plus la joie de vivre, déménager dans un nouveau milieu va la déprimer davantage.
Fini la vie de quartier qu’elle a côtoyé avec plaisir pendant de longues années, et place à une vie entre personnes à peu près du même âge, avec toutes ou presque des problèmes de santé !
Mais bon la santé se dégrade avec le temps et si les déplacements se font difficilement autant être dans un cadre rassurant, c’est l’idéal.
Ma fille m’a étonnée par sa démarche, elle qui est si battante d’habitude; s’effondrer au point d’avoir peur de vivre seule. Il faut dire que les gens en général nous étonnent: avec le temps ils changent souvent en pire…