L’histoire d’un nonagénaire qui a vu du pays…
Jean-Pierre Lambelet | Baldin est un nom de famille dérivé du germanique « bald » qui signifie audacieux, hardi, surnom d’un homme vaillant…
Eh bien, c’est ce que les invités au 90e anniversaire de Gérard Baldin ont découvert le 20 septembre à l’EMS La Colline à Chexbres.
Ce bourgeois de Frauenfeld est né le 20 septembre 1926 à Genève où il a grandi en compagnie de son frère. Après des études au collège Calvin et à l’Université scientifique, il a obtenu un doctorat d’ingénieur chimiste en soutenant une thèse de chimie et de biochimie.
Sa facilité à parler les langues étrangères lui pavait le chemin qui allait le conduire bien au-delà de Genève, grâce au français, à l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’italien.
Après des débuts professionnels chez Ciba Geigy à Bâle, puis chez Wander à Winterthur, il est parti pour Cincinnati aux USA chez Procter and Gamble à bord de son avion préféré, le fameux Constellation.
Grand sportif: athlétisme, football au Servette, tennis et natation; pianiste avec son propre orchestre, il avait vraiment tous les atouts dans son jeu pour séduire gente demoiselle Huguette Chevalley, de Puidoux, avec qui il convola à New York en janvier 1955. C’est ainsi que Diane est née à Cincinnati en 1955.
De retour au pays, à Lausanne, la famille s’agrandit avec la naissance de Corinne en 1957.
On l’a vu plus haut, l’homme est hardi, audacieux, vaillant. Commence alors une sorte de «tour du monde professionnel» passant par Bregenz en Autriche où il dirige l’usine Maggi de Nestlé avec le développement des potages. Puis, São Paulo au Brésil et ensuite le Mexique, pour ouvrir de nouvelles usines, toujours pour Nestlé.
Retour en Suisse en 1961 pour reprendre la direction des glaces Lusso en demandant à sa famille de tester des nouveaux produits comme la mandarine givrée ou le vacherin au cassis…!
En 1972, la famille fait les valises pour l’Argentine pour y développer le soja, les huiles végétales et le coton pour la maison André & Cie de Lausanne. Deux ans plus tard, il faut s’en aller, car le pays est miné par des attentats sanglants et des enlèvements.
Et de la chimie et la biochimie, pourquoi ne pas passer par la joaillerie et l’horlogerie à Genève. De l’audace, encore de l’audace…!
Et pourquoi ne pas collaborer avec le Département des affaires étrangères à Berne pour participer à l’aide suisse au développement?
Alors en route pour le Rwanda, la Zambie, le Kenya, Abu Dhabi, la Jordanie, la Colombie, le Pérou, l’Equateur et au Népal pour sa dernière mission à l’âge de 75 ans…! Rien que ça ! Il fut même consul honoraire en Suisse de la République d’Equateur pendant de nombreuses années.
Mais en 1992, c’est lui qui suit sa chère épouse qui revient habiter dans la maison de son enfance aux Suettes à Puidoux, juste en dessus de la gare.
Et ils ont continué à visiter l’Europe et le monde pour courir les expositions d’art jusqu’en 2005 avec un dernier «long courrier» jusqu’en Birmanie en compagnie de leur fille Diane.
René Gilliéron, syndic, au nom de la commune de Puidoux, lui a offert la Gazette de Lausanne éditée le 26 septembre 1926, et de quoi exaucer un vœu qui lui est cher malgré ses difficultés de mobilité, c’est-à-dire retourner une journée dans la ville de son enfance, Genève.
Le pasteur Emmanuel Spring, aumônier de La Colline, a souligné qu’aujourd’hui c’est le temps du repos, de la sérénité, ici face au bleu Léman, après ce long voyage d’une vie pleine des couleurs de l’amour et du travail accompli.