L’histoire de nos villages
Claude Cantini
Palézieux
Sur son territoire on y trouve de riches vestiges romains…
Au commencement du XIIe siècle, la seigneurie faisait partie des domaines de l’Evêché de Lausanne. Vers 1120, Gérald de Faucigny confia ces terres à des de Genevois qui finirent par se déclarer seigneurs à leur tour, et sous-inféodèrent, en 1134, le domaine à des notables locaux qui deviendront les de Palézieux. La seigneurie comprenait alors aussi, entre autres, Maracon (en partie), Ecoteaux, La Dausaz, Essertes, Peney et Forel, ainsi que des droits féodaux à Lutry et Saint-Saphorin (château de Glérolle).
En 1302, la seigneurie est vendue aux de Billens (vassaux des de Savoie) qui concédèrent, en 1344, de larges franchises aux habitants. A cette époque, Palézieux était déjà un bourg d’une certaine importance, avec marchés, tavernes, boucheries, boulangerie et merceries. Il comptera 40 feux en 1453.
En 1363, une veuve de Billens épouse Rodolphe IV de Gruyère, dont le fils François, seigneur d’Oron, recevra en 1383 les terres de Palézieux. En 1398, il accordera aux habitants le droit d’avoir des « syndics », reconnaissant ainsi à la communauté le statut de commune. Depuis, les deux seigneuries ont partagé presque la même histoire, les mêmes personnages se sont succédé à sa tête : les de Montbéliard, les de Royer, les de Montmayeur, les de Dompierre et les de Illens; puis à nouveau les de Gruyère, les de Montsalvens, la Ville de Fribourg et enfin, en 1556, Hans Steiger qui céda Palézieux à la Ville de Berne.
Le château du XIIe siècle a commencé à péricliter dès 1363, quand Marguerite de Billens, mariée de Gruyère, a préféré le château d’Oron au sien. Il était donc en très mauvais état lorsque Berne l’a acheté, et tomba rapidement en ruines. Ces dernières, quoique envahies de broussailles, étaient encore visibles au début du XXe siècle. Aujourd’hui, il ne reste qu’un pan de muraille et le lieu-dit. Un incendie a dévasté le bourg en 1691.
Jusqu’en 1648, l’enseignement était à la charge des pasteurs; ensuite un régent fut engagé, en commun avec La Rogivue et Les Thioleyres. Vers 1690, il est fait mention d’un régent particulier. Une auberge à l’enseigne du Lion-d’Or est mentionnée en 1611 ; démolie en 1839 elle fut remplacée par le bâtiment scolaire transformé ensuite en auberge. Un nouveau collège fut bâti en 1841, qui a servi aussi à l’administration communale.
En 1155, en plus d’une chapelle il existait une église (avec un curé, donc paroissiale). Cette dernière, réparée en 1565 et en 1782, fut démolie en 1819. Le temple, réalisé sur son emplacement, date de 1828 et a été restauré en 1948. La cure de 1707 est le résultat d’une récupération d’un bâtiment de 1564.
Parmi les pasteurs, trois méritent d’être mentionnés : Pierre Mône (1560-1570) qui fut impliqué dans une affaire de sorcellerie qui troubla la paroisse, car « la femme incriminée, Pernod Gérard, était la propre servante du Ministre » (Henri Vuilleumier). Le second, David Gilliéron (1767-1774), « étant propriétaire de vignes à Lavaux, il vendait son vin au cabaretier Gaille et parfois il ouvrait pour une semaine pinte à la cure » (Henri Perrochon). Enfin, Auguste Mondo (1902-1932) qui institua et présida la caisse locale Raiffeisen.
La Confrérie du Saint-Esprit fut gérée, après la Réforme, par la paroisse.
La grande salle a été construite en 1850 à l’emplacement d’un bâtiment démoli de 1814. De même l’auberge communale de 1873 occupe la place d’un autre bâtiment d’avant 1814. Un ancien moulin-battoir-scierie (aujourd’hui habitation) date de 1852.
Trente-six maisons de ferme étaient déjà devenues de simples habitations en 1997. Deux datent de 1693 et trois du XVIIIe siècle. Parmi les treize fermes restantes, une est de 1680 et une autre de 1742. Deux anciennes fromageries (En Champs Lederrey et au Pré du Château) sont de 1841 et de 1861. Une maison d’habitation ancienne (En Champs Lederrey aussi) est de 1613 et une maison de maître (En Goletaz) de 1803.
Pour finir, quelques mots sur l’Institut romand d’éducation, fondé sur le domaine de Serix en 1863. Il s’agissait au commencement d’une colonie agricole qui recevait des enfants dits « vicieux ou abandonnés », ceci dès l’âge de 7 ans, pour les instruire jusqu’à 16 ans, quand ils entraient en apprentissage. Les élèves étaient occupés à l’exploitation du domaine et à d’autres travaux manuels, et recevaient l’instruction du niveau primaire. Certains parlèrent, surtout dans les années 1920, de « Bagne d’enfants ». Inutile de conclure en précisant que les choses ont heureusement changé.
Peney
Des tombes, probablement préhistoriques, ont été découvertes !…
La localité a d’abord été sous la coupe de l’Evêché de Lausanne puis, à partir de 1154 et jusqu’en 1536 (à l’exclusion d’un bref passage sous les de Palézieux), de l’Abbaye de Haut-Crêt. C’est du reste, une fois de plus, une de ses granges qui est à l’origine du village, et c’est comme terre de l’abbaye qu’il fut rattaché par les Bernois au bailliage d’Oron. Quelques terres de Peney ont appartenu occasionnellement aux de Savoie, dont les travailleurs furent affranchis en 1275.
Le village a connu un grand incendie en 1759.
Peney a eu un maître d’école dès 1692. Auparavant, dès 1638, les enfants allaient à Dommartin.
En 1791, faisant partie de la paroisse de Dommartin, Peney a eu droit à un pasteur assistant, qui comblait un besoin bien réel puisque les habitants (avec ceux de Villars-Tiercelin) offrirent la somme annuelle de 189 francs de l’époque, ainsi que deux « moules » de sapin et un de fayard, comme contribution à la pension du pasteur. Ce dernier recevait aussi de la part de LL.EE. huit sacs de froment et un char de vin. Les gens de Peney, décidément enchantés, construisirent même la cure, avec, comme il se doit, jardin et chènevière.
En 1768, la reconstruction d’un vieux bâtiment de 1730 avait donné naissance à une maison de commune avec école, logement du régent et une chapelle. Désaffectée en 1824, elle a permis la construction à sa place, en 1843, du temple, aujourd’hui classé.
Lors du recensement architectural terminé en 1997, l’on a retenu : une ancienne fromagerie, une ancienne boulangerie, une forge, une maison d’habitation d’avant 1880 ayant été utilisée comme maison de commune et « petit collège ». La laiterie est de 1893, l’auberge de 1834. Sur onze fermes enregistrées, deux au village sont de 1762 et 1777, et une chez Poget, de 1780. Pour ce qui est des anciennes fermes, le XVIIIe siècle est bien représenté : 1730 (au village), trois de 1777 (deux au village et une Aux Forges), une de 1780 (également aux Forges), 1788 (à La Girande), 1788 (Sus les Champs) et 1789 (Chez Poget). Une autre ancienne ferme de 1843 comporte un moulin avec battoir et scierie, et celle de 1850 a une grange de 1776.