«Baghdad in my Shadow» – Les habitués du Abu Nawas
Un film du réalisateur suisse Samir
Colette Ramsauer | Dans un thriller captivant tourné sur sol britannique, le film raconte ce qui a mené des membres de la diaspora irakienne à s’entretuer à l’arme blanche dans un règlement de compte. Suspens sur fonds de radicalisation et de choc des cultures.
La poésie pour point d’ancrage
Citations et poésie arabes accompagnent souffrances et propos tout au long du film. Le récit qui débute par des scènes d’arrestation et de torture à Baghdad, nous propulse ensuite à Londres dans un poste de police pour suivre un interrogatoire, et dans une mosquée de la même ville pour entendre le discours d’un Imam. En bordure d’un parc, le resto Abu Nawas (nom d’un poète arabe du VIIIe siècle) est le lieu de rencontre des Irakiens qui ont fui leur pays. L’établissement voit passer des exilés confrontés à leur passé comme le poète Taufiq, un informaticien gay et une femme architecte, trois protagonistes du film. De leur parcours difficile et leur recherche d’identité, le réalisateur relève trois tabous fermement réprouvés par l’islam: l’athéisme, l’homosexualité et l’adultère.
Maison du peuple
A l’Abu Nawas, tenu par un Kurde, les Irakiens se sentent chez eux: la carte propose du qeema et l’écran est branché en continu sur des chaînes de télévisions arabes. Le va-et-vient des clients, ce qui se passe derrière le bar, sur le trottoir et dans le parc vis-à-vis créent l’atmosphère. Les discussions sont nourries de prises d’opinion et du mal du pays. «Baghdad, tu es toujours dans mon ombre» dit un poème de Taufiq.
Le réalisateur
Samir, cinéaste engagé, né en 1955 à Baghdad, a émigré en Suisse dans les années 1960. Réalisateur majeur du cinéma helvétique, il est connu pour ses films de fiction, documentaires et expérimentaux qui ont attiré l’attention en festivals et remporté des prix. (2014 Iraqi Odyssey, 2008 Jai Maa Sherawaali, 2005 Snow White, 2004 Zwischensprach, 2002 Forget Baghdad: Jews and Arabs – The Iraqi Connection). En 2014 dans le documentaire Iraqi Odyssey, il racontait l’histoire de sa famille iraquienne, de la classe moyenne aujourd’hui dispersée dans le monde entier.
Nominé pour le Quartz
Avec la fiction «Baghdad in my Shadow», qu’il espère être vu par la communauté musulmane, il dénonce à travers la diaspora irakienne à Londres, les dérives du fondamentalisme. Présenté hors concours à Locarno, le film a reçu le Prix du public le mois dernier à Soleure. Il est nominé pour le Quartz 2020, prix du cinéma suisse, dans les catégories meilleur film de fiction, meilleur scénario, meilleur montage, qui aura lieu le 27 mars à Zurich.
«Bagdad in my Shadow» 2019, CH, DE, UK, IRQ, 109’, vost, 16/16 ans
Du réalisateur suisse Samir – Avec Haytham Abdulrazaq, Zahraa Ghandour, Wasseen Abbas et Shervin Alinabi
Sortie le 19 février – Première au cinéma d’Oron le lundi 24 février à 20h en présence du réalisateur. Le mardi 25 février à 20h