Les doigts dans la prise
A l’origine, La fée électricité est un tableau monumental peint par Raoul Dufy à l’occasion de l’exposition universelle de Paris de 1937. Tableau de commande, la compagnie parisienne de distribution d’électricité voulait ainsi, dans son pavillon, mettre en avant les bienfaits de l’électricité dans la vie quotidienne et, bien évidemment, attirer nombre d’investisseurs et d’abonnés. N’est pas prosélyte qui veut…
L’électricité était considérée à juste titre comme apportant un progrès extraordinaire, sinon féerique pour l’époque. Encore actuellement la majorité la considère comme une énergie propre et dont l’avenir semble tout tracé, destinée à remplacer toutes les autres formes d’énergie tant ses sources de production sont diverses et variées. Mais nous semblons oublier qu’il ne s’agit pas d’une matière première, nous y reviendrons.
Le «tout-à-l’électrique» n’a plus d’obstacle à l’heure actuelle; les appareils domestiques, les skates, les vélos, les autos et pourquoi pas les avions et les paquebots nous aident et nous transportent en douceur, sans bruit… et surtout! sans émission de polluants!
Le bo-bo basique ne jure que par la fée électrique; il suffit de brancher la chose sur une prise et le tour est joué, comme s’il s’agissait d’une énergie gratuite. Alpiq, Alstom et autres Mühleberg s’en frottent les mains, renouvelant investissements et abonnements à tour de bras…
Nous y voilà. Il faut la transformation d’une matière première pour produire cette inodore et invisible reine de nos foyers. Qu’elle soit issue du charbon, du nucléaire, de barrages ou de panneaux photovoltaïques, il y a ses corollaires: pollutions massives hors de la vue des «civilisés», accidents potentiels, réels et futurs du nucléaire vieillissant ou forages intempestifs pour trouver le minerai nécessaire en «zones non habitées».
A continuer à déifier le tout-électrique en occultant ses corollaires, nous risquons fort de rapidement remplacer la lumineuse fée électrique par la Reine Maléfique… avec une belle secousse en prime!