Le sport… une activité de loisir ?
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne. |. A quelle catégorie, parmi les fonctions de loisirs, pourrait-on déterminer l’appartenance du sport en considérant, bien entendu, le sportif «sage» et culturellement «conscient»? Pour y répondre, il faudrait dans les sociétés actuelles de loisirs y inclure la pratique des sports quels qu’ils soient, où l’attrait de la compétition ne devrait jamais l’emporter sur le goût du jeu. On acceptera de bon gré que le sport devrait se définir par:
Délassement… Divertissement… Développement!
Souvent, suite à une période de sport «santé», le délassement est pris au sens du plaisir et d’une forme de récupération douce. On peut en donner pour exemple une belle course de montagne, tout en l’acceptant dans la rubrique d’activités physiques peu intenses pouvant être qualifiées de sport santé. Oui, le sport peut rester un divertissement impliquant des actions, occupations, inspirées par le souhait de distraction sans implication de compétition à outrance. Le point névralgique à ne jamais sous-estimer est l’apport du développement physique et mental qui, par la pratique du sport, affirme le développement de sa personnalité.
Et pourtant!
Au vu de l’évolution «moderne» que vit le monde du sport, on peut se demander si ses bases primaires empreintes de culture humaine, soit de développement et d’éducation, restent d’actualité? Dès 1960, l’avènement des télévisions dans les sphères sportives a provoqué un «séisme» financier, bouleversant toute philosophie d’alors et provoqué l’idée que tout en chacun pouvait accéder à la «gloire» avec l’espoir d’en devenir un «homme sandwich» de la finance. Un terrible processus d’aliénation de la culture sportive en nourrissant l’égocentrisme par la volonté de l’argent.
Prestige du champion sportif!
Peu de sportifs peuvent accéder à l’Olympe moderne du sport, et évitons d’en définir une abstraction supplémentaire aux valeurs du sport par l’exclusivité de l’aura du champion. C’est une réalité non négligeable et il est à reconnaître que pour un bon pourcentage de la population, mais surtout de la jeunesse, les héros les plus adulés des temps modernes sont des champions sportifs. La jeunesse sportive a besoin de l’exemple, de se cadrer par l’expérience des champions, c’est vrai, mais aussi et surtout par les conseils des entraîneurs, des formateurs. Restons convaincus que peu de responsables sportifs impliquent le rôle de l’argent comme discipline d’entraînement. Il est également certain que tout jeune, fille et garçon, devrait pouvoir s’entretenir avec son «idole» qui lui ferait certainement valoir que l’accessit aux plus hautes marches des podiums n’est pas toujours la résultante du plaisir… d’une activité de loisir! Ils sont souvent les protagonistes de l’événement sportif et de ceux qui en sont les témoins ou qui les exploitent. Preuve en est les «trous noirs» que certains grands champions subissent en cause de tous les impondérables dont ils doivent se soumettre. Certains argumenteront que c’est la rançon de la gloire. De courir avec Bolt, de jouer avec Ronaldo ou nager avec Phelps doit, il est certain, rester le but de tout jeune sportif. L’égaler, et non le battre, restera toujours ce sommet où l’oxygène de la gloire est de plus en plus restreint. Ce sera le danger à éviter. Le sport doit respecter ses effets sur le comportement de la société et le champion en est son porte-drapeau auprès de la jeunesse. C’est après que commence l’importance de ces bienfaits en refusant l’erreur de surestimation de ses capacités et qui peut aussi rester une belle activité de loisir, de plaisir et de santé.