Le savoir-faire suisse importé en Russie
Antonio Costa | Lavaux, notre vignoble en terrasses, a une réputation qui n’est plus à faire. Les conditions de viticulture propres à notre région font de Lavaux un lieu où le vin y est de très grande qualité. Une qualité appréciée au-delà de nos frontières car les vins de Lavaux, très cotés, sont exportés. Mais il n’y a pas que nos vins qui sont exportés. Ce savoir-faire intéresse des viticulteurs étrangers qui s’inspirent des méthodes de production en faisant appel à des œnologues suisses.
Jean-Christophe Schaffner est vigneron-encaveur à Rivaz. Caviste-œnologue de formation, il a travaillé dans des grandes caves de renom à l’étranger, notamment en Tasmanie et en Australie, avant de reprendre le domaine familial.
Il exerce, en parallèle à son activité principale, le métier d’œnologue consultant pour des domaines viticoles hors des frontières helvétiques. Depuis 2007, il effectue chaque année plusieurs allers-retours entre la Suisse et la Russie pour ses conseils en vinification dans un grand domaine viticole près de Sotchi.
50 hectares pour 12 cépages internationaux
Nous sommes dans un petit village situé près d’Anapa, station balnéaire russe au bord de la mer Noire. A 3400 kilomètres de Rivaz, le domaine viticole de la région créé en 2003, dont le propriétaire est Suisse, produit une moyenne de 300’000 litres de vins par année. Un vin de grande qualité, très peu exporté, destiné en grande partie au marché russe.
La région, agricole, était autrefois propice à la vinification. Laissés longtemps pour compte, les vignobles ont disparu. Mais les conditions exceptionnelles de ces vignobles en bord de mer ont poussé Renaud Burnier à étudier la possibilité de faire revivre cette région à travers le vin. Après plusieurs études des terrains de la région pendant trois ans, plusieurs analyses du climat et du sol sont menées avant de trouver la parcelle optimale. En 2003, les 17 premiers hectares sont plantés, dont du Krasnostop, un cépage natif de la région qui avait pratiquement disparu. Les premières vendanges se font en 2005. Jean-Christophe Schaffner devient ensuite consultant pour le domaine en 2007. «C’est une bonne région viticole, mais créer quelque chose dans un endroit aussi atypique avec toutes les difficultés que l’on peut trouver demande beaucoup d’imagination et de volonté, nous témoigne Jean-Christophe. La culture du vin n’est pas encore autant assimilée que celle de la vodka, mais cela vient gentiment.» En Suisse, les vignerons ont tout sous la main pour l’aménagement de leur domaine et de leur cave, ce n’est pas pareil en Russie. Il est très compliqué de trouver du matériel spécifique à la vinification et il faut s’y prendre longtemps à l’avance. En 2008, 33 hectares supplémentaires sont plantés. Une cave dernier cri est construite sur le domaine permettant ainsi d’effectuer tous les contrôles, dégustations et analyses sur place. Le domaine fournit des vins de grande qualité dont le Krasnostop, un vin sombre et riche, qui revit aujourd’hui. Il a été importé en Suisse pour la première fois en 2009.