Le rêve… l’enfer ?… Où est la vérité ?
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | «Je n’ai plus aucun espoir en l’avenir de notre peuple s’il dépend de la jeunesse irréfléchie d’aujourd’hui. En effet, cette jeunesse est sans aucun doute d’une impudence insupportable et se pique de tout savoir mieux que n’importe qui. De mon temps, on nous apprenait les bonnes manières et le respect des parents. Mais la jeunesse d’aujourd’hui ne cesse de contrarier et veut toujours avoir raison.»
Mais qui peut se permettre de telles inepties ? Une «vieille barbe» du 20e siècle ? Mais non, ce n’est pas possible! Un ancien champion enviant la jeunesse du sport moderne par exemple?… Non! Tout simplement un érudit… Hesiode, un poète grec du 8e siècle avant Jésus-Christ.
Quel changement!
Notre jeunesse sportive, de par l’évolution des sociétés dans lesquelles elle vit, cherche plutôt à apprendre en référence à son environnement, soit ses entraîneurs principalement. Souvent, elle
se connecte sur les outils informatiques à sa disposition lui offrant moult possibilités d’évolution dans son sport de prédilection ou parfois de préférence, néanmoins sans oublier qu’en aucun cas il doit favoriser la solitude.
Et pourtant…
J’ai fait un rêve… C’était mon rêve… Mon rêve est de devenir… Mon rêve? Participer aux Jeux olympiques… devenir un champion…
On pourrait allonger cette belle litanie presque à l’infini, mais le désir d’accéder à la plus haute marche d’un podium n’est pas un rêve… plutôt… une réalité!
Et quelle réalité!
Chaque sport a ses spécificités dans l’approche et la planification d’une carrière qui souvent débute aux prémices d’une existence juvénile.Là sont les choix et «l’imprégnation» du futur d’un jeune sportif. Que ce soit dans un club, une école ou une académie sportive.Il y a peu d’alternative(s)! Même, on n’en désire pas ou… plus!
Tu veux faire une carrière de… champion?
Il n’y aura que la volonté de respecter toutes obligations pas toujours bien comprises ou, parfois, pas tout à fait partagées à cent pour cent lors des découvertes obligées à des fins de poursuivre… «ce» rêve! Pour le réaliser, il est vrai que la planète sport, les politiques et les fédérations ont mis en place des systèmes de formation et de prise en charge du sportif, du jeune sportif, oubliant parfois que ces derniers restent des… humains. Etonnant! Mais tellement réel!Alors pour qui le rêve? Les entraîneurs? Les sociologues du sport?… Les psychologues? Les informaticiens à des fins de programmer une carrière, du sportif, dans l’espoir d’une médaille? Le sportif est-il devenu le porte-drapeau de quelques gouvernements avides de l’importance du sport pour leur propre intérêt? On pourrait parfois en douter… Gardons pour mémoire les années de manipulation d’une certaine jeunesse sportive et de champions de l’époque feu l’URSS, qui ne restent pas qu’un triste souvenir, bien au contraire. Malheureusement, on pourrait plutôt penser que l’on nous a simplement montré l’exemple et que les tricheries que l’on découvre aujourd’hui lors de grandes compétitions, démontrent par là les volontés de manipulations de l’individu qu’à des fins de «gloires éphémères», mais dirigées.
Alors où est le rêve?
Sans comparaison aucune avec les centaines d’« aca-démies », machines à broyer l’individu dès le plus jeune âge et exclusives à la course aux médailles que pratiquent encore certains pays, chacun y donnera sa «propre» réponse, sans oublier que trop souvent le rêve n’est plus qu’un leurre pouvant laisser le sportif dans des situations humaines dramatiques. Evitons également d’oublier ces jeunes sportifs, qui souvent doivent se soumettre à certaines brutalités de la réalité d’un monde presque sans état d’âme. Est-ce vraiment le prix à payer pour accéder à leurs aspirations… à leur rêve. Combien de sportifs, de champions, nous parlent de leur réussite, de leurs victoires et médailles avec parfois quelques regrets ou nostalgie découlant souvent de l’extrême dureté du sport qu’ils aiment, les obligeant à vivre en marge des plaisirs d’une adolescence qui ne seront jamais retrouvés. Et que doivent penser ces athlètes qui ont dû arrêter, en cours de carrière, pour non résultat ou accident? Que reste-t-il de leurs rêves? Là s’ouvrent parfois… les portes de l’enfer! Le sport est le langage des émotions qui doit rester le plaisir par le geste, une école de vie et de camaraderie mais surtout du respect de son corps, même pour atteindre les sommets d’une gloire souvent… si éphémère !