Le Piti Prinhyo Antoine de Saint-Exupéry – Editions Favre
Milka | J’ai toujours du plaisir à écouter le patois fribourgeois, parce que c’est la langue que pratiquait ma grand-mère, puis mes parents entre eux pour que nous ne comprenions pas toutes leurs conversations. J’ai longtemps pensé à tort qu’il n’y avait qu’un patois fribourgeois, celui de ma grand-mère. Et bien non, il en existe quatre de répertoriés, le Gruyérin, le Patois de la Haute-Glâne, le Broyard et le Kouètse. Parce qu’il faut bien le dire, le commun des mortels ne connaît en patois que les paroles du ranz des vaches. Ce serait faire offense à cette langue si riche que de la réduire à un simple chant, aussi beau et émouvant qu’il soit. Certaines personnalités ont œuvré pour le maintien de ce dialecte, en particulier notre cher abbé Bovet, mais aussi Léon L’Homme, Francis Brodard et Joseph Toffel en des temps plus récents. Car il n’a pas toujours été aisé de parler en patois puisque ce langage fut interdit en 1886 dans les écoles. Les instituteurs étaient même chargés de veiller à ce qu’il en soit de même dans les conversations des enfants. Ce n’est qu’en 1961 que cette interdiction fut abrogée grâce à l’intervention du député Joseph Brocard. Mais il y a toujours eu depuis cette date des sociétés de patoisants aussi bien dans le canton de Vaud que dans le canton de Fribourg. Elles ont toujours eu pour but de maintenir la connaissance et l’usage du patois. C’est à Joseph Comba que nous devons cette traduction du petit prince, merveilleux ouvrage de Saint-Exupéry. Président de la société des patoisants de la Gruyère, il a aussi traduit L’affaire Tournesol, la célèbre BD de Tintin, ainsi qu’un dictionnaire patois-français. Ce «Petit Prince» déjà traduit dans une centaine de langues, va avoir encore une autre résonnance dans les vallons de notre canton de Fribourg. A noter qu’il lui a fallu quatre mois de travail pour sa traduction, avec l’appui de la Société cantonale des patoisants fribourgeois. Alors amis fribourgeois, ou d’ailleurs, si voulez replonger dans ce dialecte si doux à l’oreille et au cœur, n’hésitez pas à courir l’acheter. Parce que non seulement vous retournerez en enfance, mais vous soutiendrez une société qui s’acharne jour après jour à maintenir les traditions et le patois plus précisément. Et j’ajouterai qu’à l’approche de Noël, c’est un très joli et surprenant cadeau pour tous ceux qui ont pratiqué cette langue