Le Grand Chelem
Georges Pop | Il est cocasse de noter que beaucoup d’amateurs de tennis, et parmi eux de zélés supporters de Roger et de Stan, rabâchent à l’envi le terme Grand Chelem sans en connaître vraiment le sens. Tout au plus pressentent-ils, à juste titre, que l’expression désigne une série de victoires dans toutes les épreuves d’une grande compétition. La formule est d’ailleurs en usage aussi dans les univers du golf et du rugby. Pourtant, elle ne vient pas du monde des sports mais de celui des cartes. Chez les joueurs de bridge et de whist, dans les pays anglo-saxons, réaliser un grand slam (association du français grand et du verbe to slam qu’il faut traduire par écraser) consiste à faire tous les plis ou levées au cours d’une partie. Grand Chelem n’est donc en français que l’adaptation phonétique d’une expression anglaise qui veut dire littéralement faire un grand coup.
Aujourd’hui, en tennis,
gagner le Grand Chelem consiste à remporter consécutivement les quatre tournois qui y sont associés, autrement dit l’Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open dans la même année. Le terme fit irruption dans le langage sportif, d’abord celui du baseball, au début du XXe siècle. Le premier à parler de Grand Chelem dans le monde du tennis fut en 1936 le chroniqueur sportif américain Allison Danzig. Ce passionné de l’histoire du sport a laissé à la postérité un nombre impressionnant de textes sur le football américain, le squash, l’aviron et aussi le jeu de paume qui est l’ancêtre du tennis moderne. A propos! Dans les parties de jeu de paume, en France, il était d’usage de crier Tenez! avant de lancer la balle à l’adversaire. Avec le savoureux accent qu’on leur connaît, les Anglais se sont emparés de ce mot qui est devenu… tennis ! Amazing, is not it ?