Le faisan vénéré et le faisan argenté
Luc Grandsimon | Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les faisans ne sont pas les espèces les plus courantes dans les zoos et les parcs animaliers. Le « faisan vénéré » (Syrmaticus reevesli) et le « faisan argenté » (Lophura nycthemera), comme tous les faisans, sont originaires de Chine et plus exactement entre les forêts tempérées de la Chine du nord-est et la végétation subtropicale du sud-est et du centre. Le faisan argenté se trouve aussi dans les terrains du sud. Les deux espèces ne vivent pas dans les forêts denses mais plutôt dans les clairières ou les endroits buissonneux. « Mon oncle était passionné de faisans. Ils sont là depuis le début du zoo et sont installés dans sa partie la plus ancienne », nous confie le directeur du zoo, Roland Bulliard. Ils supportent très bien le froid.
Deux plumages différents mais une seule région Seuls les mâles ont un plumage coloré, les femelles des deux espèces sont brunes, leur permettant ainsi de mieux se camoufler lors de la couvaison. « Le faisan vénéré a une tête blanche décorée d’un large bandeau noir frontal allant jusqu’à la nuque. Son collier noir fait la jonction entre sa tête et son corps brun doré. Les plumes de son corps sont liserées de noir. Au niveau de son œil, il a une petite tache blanche. » Le faisan vénéré est le plus grand de tous les faisans et sa queue peut atteindre les deux mètres. « Le faisan argenté a le dessus du corps entièrement blanc avec une gorge noire. Son ventre est bleu-noir brillant. En plus de sa couleur, il se distingue par une longue crête retombant derrière la nuque et des caroncules faciales rouge vif. Il ne possède ce plumage qu’à la seconde année. Il a une longueur de 125 cm. »
Des omnivores sociaux
Les deux espèces mangent aussi bien de la végétation (fruits, graines, glands, bourgeons), que des petits insectes et des petits reptiles. Le faisan vénéré se met en couple durant la période de reproduction. Le faisan argenté va lui constituer un groupe de 2 à 5 femelles. Il n’y a toujours qu’un seul mâle dans ce cas. Le mâle s’accouple avec chacune de ces femelles. « Les faisans ne sont pas évidents à garder, car ils sont assez caractériels. Il est arrivé que nous devions séparer la femelle du mâle pour éviter qu’il ne la tue. Au bout d’un certains temps, nous les remettons ensemble mais nous les surveillons au cas où il y aurait une récidive. » La taille des pontes varie entre 6 à 15 œufs pour les deux espèces et l’incubation ne dure pas plus de 27 jours.
Un garde féroce
La nidification a lieu au sol et, durant la couvaison, le mâle va protéger sa femelle. Dans la plupart des cas, les faisans s’enfuient dans les arbres devant un prédateur terrestre, cependant des observa-tions en 2006 ont montré que le faisan vénéré mâle a développé une nouvelle stratégie défensive. Lorsqu’un prédateur s’approche, il va aller à sa rencontre de façon imposante avec le cou baissé et sa queue relevée. Il va émettre des sifflements pour que le prédateur soit attiré par lui. Il donne ainsi à la femelle le temps de s’enfuir. Dans le cas du décès de la femelle, le mâle peut couver les œufs. L’espérance de vie d’un faisan est de 15 ans et il n’est aujourd’hui pas menacé.