Le drame des drames
par Laurent Vinatier | Par chance pour cette chronique, la semaine dernière, comme les autres auparavant d’ailleurs, comme la même semaine il y a un an tout juste sans doute, laquelle imitait en cela les semaines précédentes qui… Toutes tiennent en fait toujours leurs promesses, apportant leur lot d’horreurs, de tueries et de catastrophes humaines, internationales qui plus est. Il est un drame cependant, parmi ses drames, qui pour une fois surpasse ses concurrents et que, théoriquement donc, il paraît impossible d’éviter; pourtant dans le même temps, il est pratiquement interdit d’en parler. C’est à la fois indicible et évident, tabou et sur toutes les lèvres, douloureux et irrécusable. Aïe! Ce n’est pas l’Irak et la terrible avancée des forces islamistes sunnites. Ce n’est pas l’Ukraine et le plan de paix proposé qui va échouer. Ce n’est pas les quelques Palestiniens abattus pour rien, parce que trois jeunes Israéliens ont disparu. Non, hélas! C’est ailleurs, sur une grande pelouse verte de l’autre côté de l’Atlantique, mais ici aussi quand même: la Suisse a perdu, un peu brutalement… contre la France. Mais nous n’en parlerons pas.
Revenons plutôt à l’Irak et ses dix années ou presque d’efforts américains de pacification et de reconstruction de l’Etat, rendues caduques en une semaine. Sans parler des milliers de morts, surtout Irakiens d’ailleurs, sacrifiés d’une manière ou d’une autre pour une cause qui n’a jamais duré. Les vétérans américains s’étonnent; on les comprend. Comment est-il possible de tout rater à ce point, de nourrir tant de tensions entre des catégories de population, au sein de la même nation irakienne, entre voisins? Tout se passe comme si entre Français et Suisses… On dérape.
Passons à l’Ukraine. Le nouveau président, investi, propose un cessez-le-feu d’une semaine et engage les insurgés à déposer les armes. Au même moment ou à peu près, des combats éclatent. Les séparatistes exigent alors, en premier lieu, le retrait des troupes armées. C’est mal parti. Poutine a beau soutenir le processus: il va falloir qu’il agisse lui aussi sur le terrain, en fermant la frontière côté russe par exemple s’il souhaite que cette initiative de Kiev aboutisse. C’est peu probable. Donc, c’est perdu. Il semble que le conflit soit allé trop loin. Pour les insurgés désormais, la seule issue possible serait que leur région soit rattachée à la Russie. Mais ils ne sont qu’une minorité, armée certes mais minorité quand même. S’il fallait comparer: combien de Suisses, Vaudois ou Genevois, voudraient être rattachés à la France et se battre pour cela? Pas beaucoup à vrai dire après ce qui s’est passé vendredi… On dérape encore. Parlons donc un peu des Palestiniens.
Bref, il faut reconnaître que pour une fois la France a bien joué.