Le bon grain ou l’ivraie ?
Devant la difficulté de gérer objectivement la quantité d’informations qui nous sont quotidiennement – voire immédiatement – assénées, nous sommes devenus les prisonniers de notre capacité à juger de la qualité d’une information et par conséquent les sujets du niveau de notre sens critique. Nous sommes devenus un simple produit rangé dans un réseau de niches, étiquetées par de savants spécialistes.
L’époque où la photo était considérée comme preuve et du «c’est passé à la télé, c’est donc la vérité» est révolue. A notre époque surconnectée, nous avons chacun la responsabilité de jauger de la véracité d’un propos, rumeur ou crise de fond, et de nous replacer, comme l’église, au centre du village.
La prolifération des sources d’information ne nous aide pas à faire le tri du bon grain ou de l’ivraie, et les médias n’ont pas dans leur cahier des charges le projet d’éveiller notre sens critique. Au contraire, afin de vérifier l’information, il nous faudra recourir à d’autres sources et donc consommer plus d’information. Une activité qui peut s’avérer très chronophage ou lucrative selon de quel côté l’on se place…
Quant à savoir s’il se passe effectivement plus de choses dignes d’intérêt à l’heure actuelle qu’à l’époque de nos grands-parents, je ne pourrais le confirmer. Ce qui est néanmoins certain, c’est l’explosion des canaux qui nous rapportent ces informations. Ainsi, nous sommes automatiquement mis au courant des informations les plus insignifiantes tout comme celles de la plus haute importance, sans aucune hiérarchie ni
certitude. Le tri doit être fait – ou pas – selon notre intérêt personnel.
La responsabilité de chacun est donc plus que jamais de mise! L’esprit critique devient un outil de survie si l’on entend rester un individu libre et ne pas tomber dans le piège d’une manipulation orchestrée par le lobby de ceci ou de cela. A plus large échelle, un risque plane sur la démocratie. L’Histoire fourmille d’exemples à ce sujet, et au risque de me faire traiter de vieux grimoire poussiéreux ou de flâneur sur le trottoir des idées reçues: «La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas».