L’abbé Bovet, au delà de la légende Jean Winiger – Editions Cabedita
Milka | En tant que fille de Fribourgeois, j’ai toujours entendu parler de l’abbé Bovet. Et on a toujours fredonné ses chansons. Il était le parent qu’on ne voit jamais, mais qui fait partie de la famille. Je l’ai toujours imaginé comme un homme doux, paisible, reposant, car ses chansons avaient le pouvoir de nous mettre la larme à l’œil. Tant de tendresse dans ses textes, tant d’amour pour son beau pays, le canton de Fribourg. Alors Fribourgeois, courez l’acheter! Et les Vaudois aussi, courez tous l’acheter.
Parce que l’auteur de ce livre a certainement ressenti de l’émotion pour cet homme, comme moi, comme vous. Même si ce livre est un hommage, il s’agit d’un hommage vrai, fait en toute lucidité. Il y décrit l’homme au-delà de la légende, cette légende étriquée qui ne reflète pas vraiment cet homme qui a toujours voulu redonner de l’espoir aux autres. Les autres avant lui, au point d’en oublier de prendre soin de lui lors de ses périodes de dépression. Mais à cette époque-là, c’était égoïste de penser à soi.
Joseph Bovet devient le père des chanteurs suisses durant la première moitié du XXe siècle, en donnant sa vie d’artiste et de prêtre à la composition de mélodies populaires. Ses œuvres religieuses contribueront aussi à ce que chaque Fribourgeois se reconnaisse en lui. Son souci d’ouvrir le répertoire de l’époque aux grands compositeurs, sa passion de l’enseignement de la musique dont nombre d’enfants ont pu profiter, son énergie comme directeur de chœurs, tout cela a contribué à la reconnaissance de ses pairs. Mais l’homme à la bonté sans défaut, détestait les jugements et le sectarisme, Dans un monde déjà en crise morale et économique, il ne cherchait qu’à transmettre de la joie et de l’espoir. Et sa vie comme son œuvre résonnent encore de ces principes aujourd’hui.
L’auteur aborde aussi une face plus méconnue de l’abbé Bovet, ses rapports aux gens, son désaccord parfois avec la hiérarchie ecclésiastique souvent incompréhensible, son rapport aux femmes, dont il appréciait la présence et qui souvent tombaient sous le charme de sa douceur et de ses beaux yeux bleus. C’est un livre aimant, reconnaissant, clarifiant, mais lucide. Pas d’adoration, pas de compliments superflus. En le lisant, je n’ai pas souvent été surprise, c’est ce que j’attendais de lire sur ce personnage, ni plus ni moins.
L’auteur, Jean Winiger, acteur, metteur en scène, professeur de théâtre, est aussi l’auteur de 55 pièces et de deux récits (Editions de l’Aire). Il a joué le personnage de l’abbé Bovet en 2006 et 2012, lors du festival d’été de sa compagnie «L’aire du Théâtre». Et s’il a joué son rôle aussi bien qu’il en parle, je prends déjà une option pour une éventuelle représentation.