La primauté de l’éthique, ses défis, ses responsabilités
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | En regard à l’évolution du sport «moderne», on peut ouvrir une multitude de débats sur l’opportunité, ou pas, d’inciter l’enfant à la pratique d’un sport de compétition de plus en plus tôt. Souvent, on oublie qu’un enfant ne devrait en aucun cas être l’alibi d’un faux plagiat de quelque grand champion que ce soit. Là, doit subsister la responsabilité de l’adulte pour l’éviter. La primauté à ce stade doit rester le développement normal de l’enfant et son adaptation à l’activité sportive « de son choix », tout en respectant ses possibilités physiques, mentales et surtout… ses désirs. L’entraîneur, l’éducateur et… les parents permettront, de ce fait, le développement de ce que le sport peut offrir à l’enfant: son épanouissement!
Pour rappel, le mot «sport» provient de l’ancien français «desport» qui signifie jeu, amusement. Cette notion implique une nouvelle pratique d’entretien de son corps, tout en obligeant l’esprit à certaines qualités telles l’énergie, la persévérance et la connaissance de son corps ou, plus simplement, de soi. Il est vrai néanmoins que le sport de compétition, de plus en plus médiatisé, adulé ou… critiqué, a atteint une dimension de non-retour nourri par l’argent qui déstabilise de plus en plus le caractère éducatif que doit contenir le sport. Et pourtant!
Dans le cadre de ses activités, le Panathlon-Club Lausanne a activé un Forum des jeunes sportifs où seuls des adolescents de 14 à 18 ans avaient la parole. Plus de 800 jeunes ont été auditionnés, répartis en plusieurs catégories représentant plus de vingt sports, avec pour but de connaître et, ou de (re)découvrir ce que pensait cette jeunesse du sport qu’on lui proposait, en symbiose avec les sociétés dans lesquelles elle vivait. En est ressorti la question fondamentale: Quel âge pour quel sport?
Il règne à cet effet une très grande confusion. Situation dictée par le sport pratiqué, qu’il soit d’équipe ou individuel. Toutefois, il est à répéter, que l’influence des parents est très souvent primordiale, si pas despotique, en relation à une multitude de désirs ou… de prétextes en rapport à leurs propres expériences négatives ou pas. On constate très souvent qu’un enfant, selon son âge, n’a que peu d’idées concrètes du sport qu’il souhaiterait pratiquer, sous réserve éventuellement du sport qu’auraient pratiqué ses parents. Si son vœu premier est principalement porté sur un sport d’équipe, ce choix en est dicté par une volonté d’appartenance à un «clan», un faire-valoir d’une conception de sa société découlant de deux facteurs antagonistes soit: l’autonomie d’idées préconçues qui lui conviennent, aspiré à gérer sa place et en corollaire, de faire valoir son «leadership». Eh oui! Notre jeunesse n’est pas si déclinante…
Elle accepte assez volontiers les valeurs éducatives de base qu’offrent les pratiques sportives, tout en reconnaissant la rapidité d’adaptation obligatoire à l’approche des niveaux supérieurs. L’émergence de ces nouvelles tendances sportives amène cette jeunesse sportive à opter pour des disciplines moins structurées, impliquant parfois certaines facilités extérieures à leur pratique. Il est vrai aussi que l’abandon d’une pratique sportive est surtout en rapport à certains facteurs, l’ennui, la rigueur ou la trop grande fréquence des compétitions ou même parfois la rigidité d’un entraîneur. Avouons cependant que le changement de sport n’est pas toujours un désavantage dans la réussite d’une carrière. De grands champions nous en ont donné l’exemple.
Reconnaissons néanmoins qu’avant leurs quinze ans, pour la grande majorité, c’est surtout l’enthousiasme qui prime en accord avec certaines découvertes émotionnelles liées à leur motivation. L’adolescence ouvrira par contre la réflexion et une phase de recherche. Etonnamment, et c’est heureux, le sport initial d’une jeune carrière est encore accepté comme un besoin ou une envie, et même comme une «intéressante nécessité». Parfois, une agréable expression d’existence qui permet de mieux se connaître, et de développer une pensée abstraite avec pour moteur l’avidité du progrès, sans oublier l’évolution de la motivation en fonction de son profil psychologique. L’initiation au sport de notre jeunesse découle, il est vrai, prioritairement de bien des facteurs d’importance à découvrir tels :
• Le choix de l’âge pour quel sport.
• Savoir se situer, évaluer son niveau.
• Sport d’équipe ou sport individuel ?
• Talentueux mais pas détecté.
• On gagne pour qui ?… et pourquoi ?
• Rôle du mental? Et surtout quelle vision et conception du sport et de sa pratique ?
• La gestion des émotions inconnues que peut provoquer le sport.
• Quand le sport devient un métier ?
Alors le sport ? Pour une jeunesse sportive… pas si simple ?
Sans désir de conclusion, car impossible vu la rapidité de son évolution, on ne doit en aucun cas négliger l’importance de la valeur éducative du sport. En harmonie avec l’adulte, soit les parents, les entraîneurs ainsi que toutes personnes impliquées dans les sphères sportives, le dialogue est primordial.
Sachant que près du 45% de notre jeunesse pratique sa passion dans des clubs, environs 35% en dehors de toute structure et 20% à la fois dans un club et en dehors de toute structure, la responsabilité de notre société est d’une grande importance. Intéressant! On retiendra l’intervention d’un jeune sportif prenant part au premier Forum des jeunes sportifs et pratiquant avec plaisir et fougue son sport de prédilection: «Quand on fait du sport, on fait au moins pas d’autres conneries!» Là est vraiment la thématique «sport école de vie», le respect de soi et le respect des autres. Mais aussi le respect des structures mises à disposition, du matériel et des emplacements qui, il faut le reconnaître, sont nombreux dans notre canton. Sans oublier le respect envers l’adulte qui se met à la disposition de notre jeunesse, et qui fait valoir cette volonté d’insertion générale par les voies du microcosme sportif qu’il représente. Insertion qui en temps voulu autorisera ces jeunes, devenus adultes, à offrir leur contribution à la société et au sport qui leur a permis de se réaliser. C’est finalement la base et le but espéré de cette fantastique et superbe période de leur jeune existence.