Ouragan
Georges Pop | Comme un ouragan qui passait sur moi, l’amour a tout emporté… Certains s’en souviennent peut-être encore : ce sont là les paroles ardentes du refrain d’une chanson intitulée Comme un Ouragan interprétée dans les années 80 par l’accorte princesse Stéphanie de Monaco qui voulait alors faire carrière dans la chanson. Objectif manqué ! Mais la chanson est restée tout de même 10 semaines au sommet du Top 50. Ouragan! C’est vrai que le mot est joli même s’il n’a rien de franchement romantique ; à fortiori pour ceux qui ont encaissé ces derniers temps, les colères successives de Harvey, Irma ou José… Le mot a été adopté en français au XVIe siècle, emprunté à l’espagnol huracàn ; lui-même dérivé du taïno huragan qui voulait dire cyclone. Les Taïnos étaient des Amérindiens des grandes Antilles. Ils étaient parfaitement adaptés aux sautes d’humeur climatiques de la région mais furent éradiqués par les conquistadors et les maladies importées par les Espagnols. Mais pourquoi les ouragans de l’Atlantique, tout comme les cyclones et les typhons de l’océan Indien et du Pacifique, portent-ils de jolis prénoms ? Jadis, les Espagnols leur attribuaient déjà des noms de saints patrons. Au début du XXe siècle, le météorologiste australien Clement Lindley eut l’idée d’affubler un cyclone du nom d’un politicien qu’il détestait. Après quoi, les Américains prirent l’habitude de leur donner des prénoms féminins ; ceux de leurs femmes, de leurs filles ou de leurs petites amies. Une pratique qui déplut aux mouvements féministes qui n’eurent de cesse de protester. C’est pourquoi en 1978, les météorologues établirent une liste de prénoms masculins et féminins qu’ils déclinent désormais par ordre alphabétique suivant la chronologie des phénomènes. Mais n’est-il pas dommage d’avoir renoncé aux noms des politiciens ? On aurait pu imaginer des typhons Trump ou Erdogan pour les plus destructeurs ; un cyclone Mélenchon pour le plus tonitruant. Et même – pourquoi pas ? – un ouragan Parmelin, s’il n’était pas trop méchant…