Consommateur
Georges Pop | Il y a eu le Black Friday avec son lot de promotions, il va y avoir les fêtes de fin d’année avec leur assortiment de dépenses et de cadeaux; le tout suivi du temps des soldes avec, sur nombre de vitrines, l’éclosion du saugrenu slogan anglais SALES qui laisser planer comme un doute sur l’hygiène des commerçants qui l’affichent. C’est un peu comme si, pendant toute cette période, dans les pays nantis, la population se scindait en marchands, d’une part, et en consommateurs, de l’autre. Alors examinons un peu le mot consommateur et sa face sombre. Il nous vient tout simplement du latin consumere qui voulait dire s’approprier, manger ou absorber… Mais aussi détruire, anéantir ou épuiser. Tous ces sens ont d’ailleurs été conservés en français. Peu de consommateurs ont sans doute déjà fait le lien entre consommer et consumer qui veut dire réduire à rien, voire anéantir. Les deux verbes ont pourtant exactement la même étymologie! Sans chercher à s’auto-flageller, voilà qui nous ramène à notre responsabilité collective de consommateur avide de biens ou de services, dispendieux en ressources. Le concept de société de consommation a été énoncé dans les années cinquante par des sociologues américains puis, plus tard, français. Il décrit une civilisation matérialiste où la consommation n’est plus, pour chaque individu, un moyen de satisfaire ses besoins mais plutôt de se différencier et de s’épanouir par l’accumulation de biens souvent superflus, vantés par le marketing et la publicité. On sait aujourd’hui qu’une telle civilisation n’est pas pérenne. La date du Jour du dépassement de la Terre est tous les ans plus précoce. L’institut de recherches Global Footprint Network l’a fixé cette année au 2 août dernier. Depuis, l’humanité vit à crédit! Elle a épuisé toutes les ressources que la Terre est capable de renouveler en un an. Si chaque humain vivait comme un Suisse, il faudrait cinq à six planètes pour le contenter. Le défi consiste donc à passer d’une société de consommation effrénée à une économie durable. Pas facile! Car la consommation génère des emplois et inversement. En attendant, chacun peut parcourir le site www.planetoscope.com pour prendre conscience de notre empreinte sur la Terre. De préférence après les fêtes! Pour ne pas gâcher notre insatiable volupté à consommer…