La petite histoire des mots
Hockey
Georges Pop | La saison de hockey sur glace a repris ses droits depuis quelques semaines et voit s’affronter douze équipes en National League. Parmi elles quatre sont romandes, ou jugées comme telles : Bienne, Fribourg, Genève et Lausanne. Chaque match attire des centaines, voire des milliers de supporters et davantage encore lors des play-offs. En dépit de cette popularité, personne ou presque ne se pose de questions sur l’étrangeté du mot « hockey ». On part généralement du présupposé que le mot est d’origine anglaise et on s’arrête là. Ce n’est pas faux ! Le mot pourtant garde une part de mystère. Certes « hockey » est un terme anglais, mais son origine reste obscure. Son ancêtre direct apparaît spontanément en 1527 sous la forme « hockie » pour désigner un jeu de balle ou de palet que les joueurs se passent à l’aide d’une crosse ou d’un bâton recourbé. Pourquoi « hockie » ? Les linguistes se perdent en conjectures : ils ne sont sûrs de rien. En vieux francique, la langue parlée par les Francs, cette confédération de peuples germaniques qui occupa la Gaule et qui a donné son nom à la France, le mot « hok » désignait un crochet. Ce terme s’est progressivement transformé pour donner « hoquet » en vieux français puis aurait été emprunté par l’anglais. Mais ce ne sont là que supputations… Le Canada revendique l’invention du hockey sur glace moderne. Plusieurs historiens datent le premier « vrai » match au 25 décembre 1855 entre des soldats britanniques du Royal Canadian Rifle en garnison au Canada. Mais ce compte-rendu est contesté par les Américains, les Ecossais, les Irlandais, les Néerlandais, les indiens du Nouveau Monde et même les Français qui revendiquent eux aussi la paternité de ce sport. Seule certitude : le premier match « officiel » eut lieu le 3 mars 1875 au Victoria Skating Rink de Montréal. La rencontre opposa deux équipes composées de neuf joueurs chacune, avec des gardiens de buts et la présence d’un arbitre garant des règles sur lesquels les organisateurs s’étaient entendus au préalable pour une rencontre limitée à 60 minutes. En Europe, la première partie fut disputée en Suisse, sur la patinoire de Saint-Moritz, dans les Grisons, en 1885. Elle opposa deux équipes universitaires britanniques : Cambridge et Oxford. On notera encore que l’expression « chercher des crosses » à quelqu’un est antérieure au développement du hockey sur glace. La « crosse » désignant une canne recourbée, le verbe « crosser » au 19e siècle voulait dire frapper quelqu’un avec un objet contendant. « Chercher des crosses » veut donc dire chercher une mauvaise querelle ou une raison de se disputer. Le verbe « crosser » est aujourd’hui tombé en désuétude sauf peut-être dans la pratique du hockey pour désigner l’action de pousser un adversaire à l’aide d’une crosse ; mais aussi en français du Canada ou « se crosser » veut dire se donner satisfaction à soi-même ou pour être plus cru… se masturber !