La loi sur la stratégie énergétique 2050, un projet audacieux mais réaliste
La loi qui régira la stratégie énergétique 2050 peut sembler audacieuse et ambitieuse, mais elle est une base fondamentale et indispensable à ce tournant de notre avenir énergétique, les trois sujets clés sont:
Diminuer la consommation par habitant, ce qui est tout à fait réalisable si on développe les nouvelles technologies modernes comme le smart metering, compteur intelligent connecté qui donne en continu la consommation et détecte les surconsommations, les nouveaux appareils électriques ou électroniques, les nouveaux moyens d’éclairage qui ont des rendements bien supérieurs avec une consommation nettement inférieure, la palette est large et mérite d’être exploitée.
Promouvoir les énergies renouvelables, c’est déjà le cas aujourd’hui, quand un nouveau bâtiment se construit ou un ancien se rénove, on y intègre du photovoltaïque ou du thermique en ayant un concept de construction ou de rénovation qui rende le bâtiment moins gourmand en énergie, la domotique est aussi appelée à se généraliser. On subventionne les projets de production d’énergie renouvelable, on investit pour une optimisation de nos barrages, on favorise le développement de la cogénération de la méthanisation, etc…
Sortir du nucléaire, le 27 novembre 2016 le peuple a refusé l’initiative pour une sortie anticipée du nucléaire, mais en marquant la volonté d’en sortir à moyen terme et d’assurer la production d’électricité avec d’autres moyens. La loi énergétique 2050 y répond pleinement puisqu’elle interdit la construction de nouvelles centrales nucléaires.
Il est clair que sans le nucléaire il faudra trouver des solutions de taille pour arriver à fournir l’équivalent d’électricité, les seules énergies renouvelables ne couvriront qu’une infime partie du manque, mais c’est là que nous avons une magnifique carte à jouer en trouvant des solutions qui sont déjà esquissées mais qui sans la volonté du changement ne se développent que très lentement.
Bien sûr les détracteurs disent que cela va coûter cher, que c’est utopique, irréaliste de réaliser autant de changements en si peu de temps. C’est vrai, cela va coûter plus cher que d’importer de l’électricité à 3 ou 4 centimes le kWh/h produite par des centrales à charbon mais au moins, il y aura retour sur investissement, nous aurons de l’électricité produite avec le moins d’effets négatifs possible pour notre environnement et le développement de projets va générer des emplois en Suisse, nos centres de recherche devront trouver des solutions qui feront de la Suisse un pionnier en la matière, de plus, un franc investi pour de l’énergie étrangère est perdu, un franc dépensé pour de l’énergie suisse est dépensé en Suisse et donne du travail aux entreprises locales.
La transformation de notre réseau électrique en un système de transport intelligent capable de gérer de manière efficace l’injection décentralisée d’énergie mettra en valeur et optimisera les milliers de petits centres de production qui sont déjà réalisés ou projetés.
Tous ces éléments mis bout à bout, en y ajoutant encore le fait que les techniques évoluent très vite, font que cette loi sur l’énergie n’est pas utopique ou irréaliste. Certes, elle n’est peut-être pas la panacée universelle, il faudra en cours de route l’adapter la compléter, mais au moins elle fixe un cadre temporel. Elle fixe des objectifs et elle est, ou devrait être, le projet d’un peuple visionnaire avide de relever des défis. Elle donne un signe clair aux jeunes générations qu’ensemble, nous nous soucions de ce qui se passera demain.
Ayons la volonté du premier pas en nous souvenant que si nos prédécesseurs n’avaient pas fait preuve d’audace et d’ambition, nous n’aurions ni tunnel, ni pont, ni barrage, ni l’ensemble des infrastructures qui font le confort journalier de nos vies.
Alors laissons de côté la frilosité, l’hésitation et la peur du changement et votons OUI le 21 mai prochain.
Jean-Rémy Chevalley, Municipal et député, Puidoux