Kiss kiss bank bank!
par Arvid Ellefsplass | Les dérives du système financier ont maintenant atteint l’âge bête. Cet âge où la certitude, l’arrogance et le cynisme l’emportent sur tout autre jugement de valeur. Depuis 2000, les amendes se suivent sans visiblement changer quoi que ce soit dans leur manière éprouvée de se comporter. Les banques ont-elles réellement tiré les leçons de la crise financière ou ont-elles tout simplement découvert un nouveau marché?
La justice américaine atteint des sommets ces jours en attribuant 10 milliards d’amende à BNP Paribas pour violation d’embargo. Cela représente un taux record et constitue plus de trois fois plus que l’ensemble de ce que l’UBS a dû débourser entre 2009 et 2013, mais ces amendes ne semblent pas faire fléchir la course effrénée à la rentabilité, au contraire; pour mémoire, le Crédit Suisse en défalquant ses amendes s’est vu exonéré d’impôts ces dernières années à Zurich et, comble d’ironie, au moment de redevenir le contribuable modèle, se revoit infliger une peine pécuniaire de 2,5 milliards.
La soupe à la grimace pour l’Etat zurichois pour qui ça représente quelques dizaines de millions en moins et une manne pour le gouvernement américain qui continue à encaisser les milliards.
La gestion fiscale des amendes est devenue profitable à tel point que ces banques que l’on continue à qualifier de «too big to fail» prennent un nouvel essor en s’offrant, par un petit jeu comptable, le luxe de ne même plus contribuer à la vie en société. Des voix s’élèvent toutefois au sein du parlement suisse et s’offusquent des pratiques fiscales qui jusqu’ici permettaient aux banques de déduire leurs amendes. Ne serait-il pas mieux de généraliser cette déduction à l’ensemble de la population?
Et toujours pas l’ombre d’un responsable désigné et inquiété. Depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008, seuls trois dirigeants en Islande se sont vu infliger des peines de prison ferme. A l’heure actuelle, ces peines de prison sont paradoxalement réservées aux lanceurs d’alerte qui dénoncent les malversations…
Brady Dougan peut dormir sur ses deux oreilles tant qu’il ne se sera pas décidé à se mettre lui-même à la porte. Sans doute quittera-t-il le Crédit Suisse lorsque les médias l’auront oublié, avec un joli parachute…