Jorat-Mézières: pour la santé et la pérennité de nos forêts
Michel Dentan | C’est un art, mais dans la commune de Jorat-Mézières, on conjugue l’art avec la fête et la convivialité. C’est en effet une journée tout-à-fait particulière, faite de travail mais aussi de moments de rencontre, de partage dans la bonne humeur et d’amitié, qui a réuni vendredi dernier quelques membres, actuels et anciens, de la municipalité, du personnel communal interne et externe, des professionnels de la forêt ainsi que des invités. Il s’agissait de procéder, dans les forêts communales, à une opération consistant à choisir et à marquer les arbres destinés à être coupés. Cette technique ancestrale porte un nom: le martelage.
Un peu d’histoire
Le martelage tire son nom de l’outil utilisé alors pour le marquage, la martèle ou marteau forestier, muni d’un côté tranchant destiné à entailler l’écorce et de l’autre d’une sorte de massette comportant une empreinte spécifique. L’arbre était marqué d’une part sur le tronc et d’autre part à proximité des racines afin que, même après sa coupe, il soit possible de vérifier sur la partie restante qu’il était bel et bien destiné à être abattu, ceci afin de contrecarrer des travaux d’abattages illicites. De nos jours, le marquage a évolué et les arbres sont maintenant désignés, souvent par une simple croix, au moyen d’un spray de couleur orange mais le difficile travail d’appréciation du marteleur reste le même.
Un travail de professionnel
Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le tri n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. En effet, ceci ne consiste pas seulement à choisir des sujets destinés à la vente mais également à maintenir une forêt sécurisée et saine en éliminant par exemple les bois malades et en créant des mises en lumière afin d’éviter une densité trop importante qui nuirait au bon développement de notre patrimoine sylvicole. Une autre mission, souvent méconnue, a pour but de marquer certains sujets nommés « arbres habitat » servant de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes. Leurs troncs seront alors gravés au moyen d’une griffe de forestier d’un signe «H», ensuite revêtu de couleur bleue, signifiant qu’ils ne doivent en aucun cas être abattus ou éliminés. Ils termineront quoi qu’il en soit leur vie dans la forêt et, même tombés par les forces de la nature ou par l’âge, ils continueront à servir de refuge à d’autres animaux, renards, écureuils, etc.
Ce jour-là, ce sont quelque 870 mètres cubes sur pied qui ont été ainsi traités par les gardes forestiers dans les forêts communales de Jorat-Mézières. Les meilleurs bois seront vendus à des entreprises locales ou régionales, pourvoyeurs d’intéressants et nombreux postes de travail, tandis qu’une autre partie sera utilisée comme bois de chauffage pour des bâtiments publics. Le solde pourra être exporté à l’étranger.
Cette intéressante aventure s’est terminée au refuge La Détente à Ferlens autour d’un sympathique et succulent repas au cours duquel les participants ont eu l’occasion d’échanger leurs connaissances et leurs expériences dans le passionnant domaine que constitue l’entretien et la préservation de nos précieuses forêts.