Jean-Louis Simon et les cépages à l’honneur
Jean-Gabriel Linder | Le Prix 2015 de l’Association du Vieux Lavaux a honoré et récompensé Jean-Louis Simon, grand spécialiste en viticulture, lors de l’assemblée générale annuelle de l’AVL.
Samedi 18 avril 2015, Pierre Monachon, syndic de Rivaz, s’est réjoui d’accueillir l’assemblée générale annuelle de l’Association du Vieux Lavaux (AVL) dans sa commune; d’une superficie de 32 hectares dont 24 ha en vigne, c’est la plus petite commune vaudoise.
Après sa partie statutaire, la manifestation a été placée sous le signe des cépages anciens comme récents, bien connus des vignerons des quinze exploitations viticoles en activité à Rivaz.
Le Prix 2015 de l’Association du Vieux Lavaux a été décerné à Jean-Louis Simon pour ses remarquables travaux et publications consacrés à la viticulture, en particulier de Lavaux. Vigneron à Rivaz, puis ingénieur viticole, J.-L. Simon a été adjoint au responsable de la Station fédérale viticole au Domaine du Caudoz à Pully, puis chef de la section Viticulture-Oenologie à la Station fédérale de Changins/Nyon. Ses activités l’ont notamment aussi conduit à être délégué de la Suisse à l’Office international du vin, président du Comité international des pépiniéristes viticulteurs, vice-président de la Confrérie des vignerons de Vevey.
Dans un exposé intitulé «Les Nouveaux Cépages», J.-L. Simon a évoqué les variétés de cépages qui font la richesse du vignoble de Lavaux, dont le chasselas est le plus connu et aussi le plus cultivé. On doit aux analyses d’ADN faites par le généticien et ampélographe José F. Vouillamoz d’avoir établi dans l’arc lémanique même, l’origine du chasselas. Pourquoi créer de nouveaux cépages alors qu’il en existe déjà dans le monde plus de dix mille ? a demandé J.-L. Simon. A cela, deux raisons: d’abord, il faut des variétés qui résistent aux parasites comme le phylloxera, un insecte qui s’attaque aux racines; ensuite l’on développe des variétés qui répondent le mieux aux conditions locales de maturation et de goût, en tenant compte de la précocité, de la taille des raisins et des conditions climatiques. En 1965, le vignoble produisait beaucoup et la qualité n’était pas celle d’aujourd’hui; J.-L. Simon et André Jaquinet firent alors des croisements entre le chasselas et le chardonnay (un blanc originaire de Bourgogne), créant deux nouveaux cépages, le charmont et le doral – ce dernier est planté pour des mousseux ou des vins doux. Pour les vins rouges, en particulier le gamay, tout l’enjeu était de lutter contre la pourriture terrible de ses grappes; il fut croisé avec le Reichensteiner (amené d’Allemagne) et, en 1970, cette hybridation, créée à l’Agroscope de Changins, aboutit au nouveau gamaret aujourd’hui mondialement cultivé. J.-L. Simon a enfin rappelé les qualités de patience d’un pépiniériste viticulteur: les croisements de cépages exigent 5 ans pour obtenir une grappe, et de 20 à 25 ans de recherche!
La manifestation s’est terminée avec une verrée offerte par la Commune de Rivaz. Fort à propos, les participants ont été invités à déguster de rarissimes vins vaudois issus d’anciens cépages. Grâce à Louis-Philippe Bovard, en effet, se trouve à Rivaz le Conservatoire mondial du chasselas; y sont plantés des clones issus de collections de Pully, de Cosne-sur-Loire, d’Alsace et de la région de Bade. La première récolte s’y est faite en 2013. Et chacune et chacun, ainsi, d’apprécier les clones vaudois de cette microvinification aux noms de: «Bois rouge, Fendant roux, Giclet, Vert et Blanchette».