Incendie d’Oron-la-Ville, parcours d’un sinistré
«Le responsable de notre dossier n’avait pas le temps de s’en occuper !»
Gil. Colliard | L’incendie de la nuit du 10 au 11 janvier dernier, qui a endeuillé Oron par le décès de François Jan, mémoire vivante de la région et la destruction de la librairie du Midi a également eu des conséquences désastreuses pour une famille de 4 personnes, locataire du Bourg 16, bâtiment mitoyen de celui sinistré, dont les flammes avaient commencé à lécher la toiture. Désireux de partager son parcours du combattant, dont il n’est certainement pas le seul à avoir emprunté le chemin après un incendie, le locataire fait récit de ce dernier :
« A 1h30 du matin, les pompiers nous ont demandé d’évacuer notre logement. Nous avons eu juste le temps de nous habiller et de prendre notre chat et notre chien, pour quitter les lieux sans rien d’autre, puis nous avons été accueillis au poste de gendarmerie. De là nous avons pu admirer le travail formidable et professionnel des pompiers, de la police, la gendarmerie et des autorités. Durant deux jours une véritable chaîne de solidarité a été mise en place. Danielle Richard, municipale, nous a trouvé une chambre d’hôte à Châtillens. Nous avons été bien entourés, également par la régie, et tous les autres intervenants.
Une semaine à attendre
Puis dès lundi, la douche froide, le dur retour à la réalité. En plus du traumatisme subi et le rachat du nécessaire, il a fallu attendre mardi après-midi, avant de retourner sur les lieux et de constater, lors d’une visite faite à la va-vite, l’étendue des dégâts, avec le représentant de l’assurance, celui de la régie et les maîtres d’œuvre. Après 10h d’arrosage, notre appartement, situé sous le galetas, contre la façade attenante à l’immeuble incendié, était gorgé d’eau. Des flaques inondaient le sol, l’eau s’était infiltrée par le plafond, les ventilations de la cuisine et de la salle de bain. Avec un taux hydrométrique bien supérieur à la norme, une odeur de moisi commençait à flotter dans l’air. Décision de l’inspecteur: nous devions réintégrer les lieux vendredi de la même semaine, l’eau courante et l’électricité étant fonctionnelles. Des déshumidificateurs ont été installés, sans stopper l’arrivée d’eau du plafond. J’ai fait un état de ce qui était récupérable et demandé trois devis pour le nettoyage des textiles. Puis plus rien. Pas de retour, pas de rapport. Jeudi, alors que nous appelions l’assurance, nous avons été abasourdis d’entendre que le responsable de notre dossier n’avait pas le temps de s’en occuper. Retournant sur place, j’ai vu que de nouvelles flaques étaient apparues dans les chambres et que l’appartement étant en chantier, il était inhabitable, de plus, jugé dangereux par un rapport sur l’installation électrique. Fort de ces constatations, j’ai pu obtenir trois jours supplémentaires de répit dans notre logement provisoire et apprendre que Fr. 2000.- allaient m’être versés en début de semaine suivante, pour couvrir nos premiers frais. Quand bien même nous reviendrions dans notre logement lundi 21 janvier, nous n’aurions qu’une pièce de 8m2 pour y vivre et dormir à quatre. La salle de bain est en chantier, la cuisine inutilisable pour le moment, le salon et une chambre sont en chantier et la dernière pièce sert à stocker le matériel. Jamais je n’aurait pensé traverser pareille épreuve, pour laquelle personne n’est préparé. Alors que nous sommes des victimes de cet incendie, nous avons le sentiment de passer pour des gens voulant profiter de la situation. Nous avons besoin de soutien et non d’abandon, pour nous retrouver et pour se remettre de ce traumatisme. »