Hommage à Jean-Pierre Blanc
Martine Thonney |
Fidèle à sa famille
et à ses amis,
Fidèle à sa terre
et à son village,
Fidèle à ses convictions
et à sa musique…
Voici ce qui caractérise bien cette personnalité connue dans le Jorat ! Sa famille et ses amis se sont retrouvés à Montoie pour son service funèbre célébré par le pasteur Nicolas Merminod. La Fanfare du Jorat y a interprété trois morceaux dont le choral chrétien «Mon Dieu, plus près de Toi». L’orgue et un chant de l’assemblée se sont unis pour donner à ce culte, voulu simple, une atmosphère de paix et de sérénité.
M. Blanc a habité sa ferme des Chardouilles depuis 1939. Ses parents, Etienne et Alice, jusqu’alors fermiers de la famille Alfred Jordan, l’ont acquise au début de la guerre. Inutile de dire que les temps furent durs. La maman veillait aux travaux de la ferme, tandis que le papa était mobilisé. Leurs trois enfants, Albertine, Jean-Pierre et Emile, ont bien souvent travaillé à l’écurie avant de se rendre à l’école. C’est assez naturellement que Jean-Pierre prit le relais lorsque ce fut le moment. Il devint ainsi paysan et «homme des bois»… En effet, il travailla dans les forêts communales puis dans celles de l’Etat pendant une vingtaine d’années. Le refuge communal faisait partie de son domaine: il en assurait le bon entretien et la location. Gageons qu’il y prenait grand soin avec le plaisir qui allait avec! Pompier, membre de la société de laiterie, de la commission du bétail: les occupations ne manquaient pas. Il trouva tout de même agréable la présence à la laiterie du village d’une jeune femme qui y travaillait… Elle venait de Servion et ils se sont plu, jusqu’à ce jour d’ailleurs puisqu’en décembre 2015 ils auraient fêté leurs 60 ans d’union. Voilà donc Gisèle aux Chardouilles dans son nouveau foyer, s’entendant à merveille avec ses beaux-parents. C’est à cette époque que leur arriva, de France voisine, une fillette-cadeau qui venait pour un changement d’air. Le souffle vivifiant du Jorat lui convint mais davantage encore le foyer aimant de Gisèle et Jean-Pierre. C’est ainsi que Murielle devint une fille de «cœur» et qui le reste encore. Laurent et Jean-Luc naquirent un peu plus tard et agrandirent la cohorte familiale. Il manque à cette évocation le plaisir de la musique de cuivre. M. Blanc en a joué pendant 65 ans. Aussi bien à la Fanfare du Jorat qu’à l’Amicale des Anciens du Jorat, des Amis du Gros-de-Vaud et des Cuivres du Talent. Somme de répétitions, de soirées, d’après-soirées, de girons, de contacts et d’amitiés ! Il n’a pas oublié de transmettre le virus des harmonies, notes et rythmes à ses deux fils qui, eux-mêmes, l’ont donné à leurs enfants. La Fanfare du Jorat a encore de l’avenir avec ces jeunes talents motivés et enthousiastes. On pense à Etienne, Maxime ainsi qu’à Julien pour les musiciens, Cyrille s’étant destiné plutôt au travail du bois; quant à la petite Laurine, elle a encore le choix!
Ce goût des relations humaines amène M. Blanc à faire partie de deux abbayes et du Conseil communal. Passage qui le propulse à la Municipalité pendant douze ans. Il est aussi vice-syndic. Son dicastère, vous le devinez, c’est les chemins qui mènent aux autres, et la forêt qui lui tient à cœur.
Cette vie où se mêlaient musique, humour, sens des responsabilités sans goût du pouvoir, amour, travail et convictions profondes s’est arrêtée le dimanche 15 février 2015 au bel âge de 85 ans. Les traces qu’elle laisse seront durables pour ses proches et pour tous ceux qui ont eu la chance de le rencontrer au détour du chemin.