Hein ?!
A l’heure où nos chères têtes blondes éprouvent leur premier stress à l’idée de retourner dans un mode de vie structuré fait de devoirs et d’explications de retard alambiquées, le sujet de l’enseignement est à nouveau sur la sellette. Témoin les dernières décisions du Grand Conseil thurgovien de supprimer l’enseignement du français dans son cursus de primaire, le reléguant aux obligations secondaires.
Ce n’est pas tant l’enseignement d’une seconde langue étrangère qui me chagrine que celui d’une seconde langue nationale. Dans un pays fédéral qui par sa création même a su ménager la chèvre et le chou et qui comporte pas moins de quatre langues nationales, la moindre serait de pouvoir comprendre son voisin et néanmoins compatriote. Quant à s’exprimer parfaitement, nous avons tous appris que tout commence avec un Gruezi, un furieux accent et un éclat de rire!
Que l’anglais soit devenu une nécessité dans ce monde global est indéniable, et je ne questionnerai pas cet état de fait ici. L’Histoire aurait privilégié d’autres idiomes eu égard au nombre d’individus les pratiquant: espagnol, français, mandarin, hindi ou l’arabe pour ne citer qu’eux. Me ferais-je incendier si j’avançais l’impérative loi des échanges comme raison de ce choix…?
L’argument avancé par le canton de Thurgovie se fonde sur la surcharge causée par l’enseignement d’une seconde langue en primaire. Des efforts qui ne seraient pas consentis par nos petits minots avant le secondaire. Ironiquement – et avec sourire – je ne peux m’empêcher de me souvenir de mes camarades de primaire qui chacun de leur côté pratiquaient une langue étrange à la maison, criaient en français dans la cour de récré et suivaient de fastidieux cours d’étranger à l’école. Nous parlions tous l’allemand comme une vache espagnole, l’anglais comme un petit nègre et l’italien avec les mains…
L’argument thurgovien n’est hélas rien d’autre que pragmatique et réactionnaire. Il ne contribue en rien à une quelconque cohésion nationale ou à une Suisse polyglotte vantée à l’étranger mais tout au contraire à un enfermement sur soi-même.
Rares sont les nations qui possèdent une richesse interne aussi vivace sur un territoire aussi restreint. Si l’on admet que la langue est le véhicule de la culture, cultivons notre jardin et faisons de la patate des röstis! Salute et Sandà!