Grandvaux : La doyenne de la commune s’en est allée
JPG | C’est en toute discrétion que cette vaillante maman, grand-maman et arrière-grand-maman a quitté les siens le 5 septembre dernier après avoir connu une vie de labeur liée à sa terre natale et ce Lavaux qu’elle ne cessait d’admirer jour après jour; sobre, discrète et rayonnante, elle s’est éteinte, comme son mari Samuel il y a 16 ans, à l’âge de 102 ans presque révolus. Elle était née Rosa Rufli le 10 octobre 1915 dans une ferme du Siggenthal argovien au sein d’une famille de 4 filles et 2 garçons. Ses carnets scolaires retrouvés, elle devait faire la fierté de ses parents, car dans toutes les branches elle était gratifiée de la note maximale de l’époque: 1, comme première et unique. Elle était très liée avec sa famille restée outre Sarine.
Sa scolarité terminée, elle vint à Vevey comme fille au pair pour y apprendre le français. Elle adopta la Romandie, servant diverses grandes et renommées familles comme cuisinière avant de rencontrer son futur mari en 1943. Celui-là était devenu veuf avec trois enfants et de leur union en naîtront quatre, Pierre, les jumeaux Jean et Charles, puis Rosemarie. Elle fut un des piliers de la Croix-Duplex à Grandvaux que créait et bâtissait Samuel avec Louise, une des filles du premier lit, jouant le rôle de grande sœur et de seconde maman. C’est ainsi qu’à eux trois principalement, ils consolideront la Croix-Duplex, à force de sacrifices et un travail sans ménagement. Ils ne furent pas épargnés par les vicissitudes indomptables de la nature, comme le gel destructeur de 1956 et la grêle les deux années suivantes. Mère au foyer au sens noble du terme, tenace et volontaire, elle est devenue vigneronne compétente et cheffe du personnel qui pouvait expliquer les travaux aux ouvriers étrangers, grâce à ses quatre langues bien maîtrisées.
Elle était aussi couturière pendant la jeunesse de ses enfants adaptant ou confectionnant leurs vêtements, à côté des autres tâches ménagères et bras droit d’un chef d’entreprise. Jardinière hors pair, par les légumes et fruits cultivés, elle nourrissait famille et employés et ce n’est qu’à 98 ans qu’elle dû se résoudre à abandonner son dernier jardin, atteinte d’arthrose et d’arthrite. Image d’un autre temps mais combien réelle, elle élevait poules, lapins et même trois chèvres dans les années 50… Outre la culture de légumes de diverses sortes, tels que haricots à «berclure», elle trouvait encore le temps d’embellir la propriété de roses, iris et géraniums pour accueillir clients et connaissances avec enchantement.
Pendant ce long chemin de vie, Rosa Vogel, vécu l’arrivée de 9 petits-enfants et 11 arrière-petits-enfants. Tous garderont sa générosité de cœur. Elle a rejoint comme elle le souhaitait depuis plusieurs mois, son Samuel de mari, dans la paix et la sérénité. Un culte d’adieu dans l’intimité de la famille s’est déroulé le 19 septembre au temple de Grandvaux où petits et grands ont pu lui dire merci pour tout ce qu’elle leur avait offert en plus de la vie.