Grain de sable – La balance et l’équilibre
Christiane Bonder | Les humains sont des poussières d’étoiles, nous dit Hubert Reeves, d’infimes particules intégrées dans le grand tout. Cette diversité qui, pour exister, doit accepter l’autre et s’y adapter, est l’image parfaite d’éléments se complétant dans un équilibre réalisé. Autrement dit: «Il faut de tout pour faire un monde»…
Pourtant, sur notre terre, qui perdit un jour ses lustres et ses paillettes puisqu’elle fut d’abord une étoile, tout est sujet à discrimination et à petites chicanes bas de gamme lorsqu’il s’agit de l’homme. Tant qu’il y aura ce regard critique, ce jugement face à une couleur de peau, de culture ou de religion, de jeunes, de vieux, de minces ou bien en chair, il n’y aura jamais de paix sur la planète…
Cette discrimination qu’on ne se gêne pas d’afficher tend à s’imposer partout dans la réalité du quotidien. Ainsi, le Suisse qui fait son marché sera gratifié d’une pomme de plus chez le marchand, tandis que l’étranger, cet homme douteux, en aura juste pour sa pomme… Parlons aussi de la dernière trouvaille: celle qui concerne les déchets ménagers que l’on dépose dorénavant dans des endroits appropriés. Si mémé et bébé pissent plus que le citoyen normal et qu’ils portent des couches-culottes, ils auront droit à une réduction au poids puisque le phénomène est indépendant de leur volonté… On compare, on établit des classifications, et celui qui a la chance de ne pas mouiller sa culotte en portant son sac jusqu’à l’endroit du dépôt paiera le prix indiqué puisque jugé normal…
A ce propos, peut-être faudrait-il que j’y aille car j’ai mon propre sac à déposer et ceux de mes voisins âgés qui n’ont plus la force de marcher ni de porter leurs déchets. Mais dans ce cas encore – loin d’être le seul – s’il n’existe pas une ristourne proportionnelle à la peine que cela me demande, je risque de la trouver vraiment saumâtre…
Ayons désormais l’œil sur la balance car, comme lorsque l’on suit une cure amincissante, les kilos en trop ont un prix… Mais malgré tout, ce petit grain d’optimisme à conserver pour y voir, qui sait, un nouveau métier à venir: «porteur de sacs»… Un peu à l’image des cireurs de chaussures qui ont définitivement réduit leur cirage…